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Combien vaut la dignité des Grecs ?

Il est indéniable que la souveraineté populaire est une arme très puissante. C’est pourquoi elle ne devrait pas être confiée à n’importe quelles mains. Comme toute arme, elle peut être utilisée à bon escient, comme elle peut éclater entre les mains des apprentis armuriers ou, quand se tromper de cible, la tourner contre ses amis. C’est exactement ce qui est en train de se passer en Grèce en ce moment. Le fameux « mandat populaire » qu’Alexis Tsipras a reçu du peuple grec – et qu’il n’a cessé de brandir à toute occasion comme sa principale arme – s’est finalement retourné contre le peuple grec et, finalement, contre Tsipras lui-même et les gauchistes de Syriza.

Une coalition des extrêmes, vraiment « contre-nature » ?

Certains de nos lecteurs peuvent ne pas apprécier le terme désuet de « gauchistes » pour désigner la gauche radicale au pouvoir à Athènes depuis janvier. Et pourtant il faut bien appeler un chat « un chat ». La gauche radicale telle qu’exprimée par Syriza n’a rien à voir avec la gauche radicale française. Que Jean-Luc Melenchon soit tenté de surfer sur la vague du succès électoral de Syriza, c’est parfaitement compréhensible dans sa stratégie politique, d’autant que les médias français avaient vu dans le leader du Syriza, Alexis Tsipras, un « Mélenchon grec ». Sauf que ni le fond idéologique, ni la structure de l’électorat de Syriza ne s’apparentent de quelque manière que soit à la gauche radicale française.

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Manifestation de soutien à Syriza du parti de Gauche à Paris.

Imaginez-vous demain Jean-Luc Mélenchon dans une coalition gouvernementale avec Marine Le Pen ? Eh bien, ce qui vous croyez être une alliance contre nature, Tsipras l’a fait et pas une seule voix dans son camp n’a trouvé à redire. Et, comment appelleriez-vous une coalition entre un parti nationaliste et un parti socialiste, si ce n’est pas une coalition national-socialiste ? Les « Grecs indépendants /ANEL » de Panos Kamenos, actuel ministre de la Défense et seul allié de Tsipras, sont à la droite nationaliste grecque ce que Marine le Pen est à son père. Quant au fond idéologique de Syriza, il se situe davantage à la gauche du NPA (Nouveau parti anticapitaliste) et de la feu Ligue communiste révolutionnaire, qu’à la gauche d’un PS. La seule parenté du Syriza avec les socialistes grecs c’est d’avoir servi de refuge à certains députés du PASOK (le PS grec) qui, après la débâcle de leur président d’alors Georges Papandréou, ont trouvé moyen plus sûr de se faire élire sous la bannière d’un Syriza ayant le vent en poupe que sous la bannière de leur PASOK agonisant après être devenu dans l’opinion publique le premier responsable des malheurs des Grecs.

Enfin, concernant la base électorale du Syriza, ce parti ne serait jamais sorti de la marginalité bohêmo -gauchiste de certains quartiers du centre d’Athènes pour atteindre un score de 36% aux dernières élections, s’il n’avait pas été rejoint par la petite bourgeoisie grecque composée de l’armée des fonctionnaires et employés des entreprises publiques.  Embauchés les 30 dernières années par les gouvernements de la droite et de la gauche qui se sont succédé au pouvoir après la chute du régime des colonels, ils étaient les premiers concernés par les mesures d’austérité. Habitués à être choyés à chaque élection où ils doublaient leurs avantages, ils ont reçu de plein fouet le revirement de leur employeur  lorsque celui-ci s’est rendu compte qu’il n’avait plus d’autre choix que de redresser les comptes de l’Etat grec. « Μαζί τα φάγαμε / ensemble nous avons joui (des largesses de l’Etat) » leur avait lancé un ministre quelques jours après l’aveu que le pays serait emporté par la crise de 2008 et alors que l’indignation grimpait en flèche. Et, tous se sont offusqués de l’audace du ministre!

A ce vote massif de la petite bourgeoisie, s’ajoute le soutien implicite ou explicite d’une partie de la grande bourgeoisie. Là, pas d’intérêt collectif mais des petits (et grands) intérêts individuels : qui déçu de ne plus pouvoir compter sur un renvoi d’ascenseur pour services rendus à tel ou tel ministre, qui par sentiment nationaliste sur fond d’hostilité traditionnelle envers les Allemands et les Américains, qui par calcul savant sur le quadruplement de sa fortune placée en euros à l’étranger en cas de retour à la drachme…

Une série de mensonges

Mais l’heure n’est plus à chercher à comprendre comment un parti inexpérimenté, extrémiste et dogmatique s’est trouvé à gouverner la Grèce avec le soutien de l’extrême droite nationaliste. Dans deux jours, les Grecs sont appelés à se prononcer « pour ou contre l’Europe ». Non, « propagande des créanciers ! » crie le gouvernement : la vraie question est d’approuver ou de rejeter les propositions des créanciers. Mais alors pourquoi voter « pour ou contre les propositions des créanciers », propositions qui par ailleurs ne sont plus sur la table des négociations, et ne pas voter « pour ou contre le plan du gouvernement de sortie de la crise » ? Tout simplement parce que ce plan n’existe pas. Il n’a jamais existé. Ou plus exactement, il n’a existé que dans l’imagination débridée du ministre de l’économie Yanis Varoufakis. Un ministre qui vit dans le monde virtuel de la théorie des Jeux et qui n’a aucune idée de l’économie réelle. Hier encore, alors que sa propre décision de fermer les banques et de rationner les retraits à 60 euro par jour formait des files interminables devant les guichets des banques, lui, il se vantait dans la presse britannique d’être le seul grec, avec sa femme, de n’avoir pas fait la queue devant les distributeurs automatiques des billets.

Avec le premier ministre Alexis Tsipras, il jurait, une semaine plus tôt, qu’il n’y avait aucun risque de fermeture des banques. Le vendredi où ils annonçaient la fermeture des banques, ils promettaient que les retraites et les salaires des fonctionnaires seraient payés dans leur intégralité en temps et en heure. Le lundi, une fois les banques fermées, ils annonçaient que les retraités n’auraient que 120 euro par semaine. Un mois plutôt, début juin, Tsipras et Varoufakis juraient de concert qu’ils avaient suffisamment d’argent pour payer fin juin l’échéance des prêts au FMI et que le report à fin juin du paiement n’était que stratégique pour mieux peser sur la négociation.  Il s’avère aujourd’hui qu’il n’y avait ni stratégie, ni argent pour les FMI, ni argent pour les retraites. Il n’y avait qu’un trop de mensonges.

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Yanis Varoufakis devant le 11 Downing street à Londres : όλοι γέλαγαν με τον τρελό, γέλαγε κι εκείνος.

Le même mensonge qui se profile avec le référendum de ce dimanche. Dire « le grand non » aux propositions des créanciers renforcera la position de la Grèce sur l’échiquier des négociations, entonnent-ils à qui veut les entendre. Une fois encore, la théorie des Jeux de notre génial économiste réputé-sur-la-scène-internationale Yanis Varoufakis ! L’avenir du pays géré comme une partie de poker, par quelqu’un qui est incapable de prévoir qu’en trois jours de fermeture des banques, l’économie réelle, tournant à 60 €/jour, allait s’écrouler. Le coût d’une semaine sans banques dépassera certainement les quelques 800 millions d’euros sur lesquelles le gouvernement se déchirait avec les créanciers.

L’ivresse intellectuelle des économistes

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Richard Westall, 1812. L'épée de Damoclès

Agacé par les flatteries de son jeune courtisan Damoclès, Denys l'Ancien, tyran de Syracuse, lui proposa de prendre sa place le temps d’une journée, afin qu'il voit ce qu'était le métier d'un tyran. Au milieu de la fête, Denys lui a fait remarquer l'épée qui est suspendue par un cheveu au dessus de sa tête. Quand est-ce qu'Alexis Tsipras montrera à ses courtisans nobelisés l'épée qui est suspendu au-dessus de la Grèce ?

Mais où sont donc passés les amis-superstars des Varoufakis ? Les Paul Krugman (Nobel de l’économie 2008), les  Joseph Stiglitz (Nobel 2001) ? Qu’est-ce qu’un prix Nobel ? C’est un prix – le plus prestigieux – attribué pour l’excellence prouvée sur une partie très spécifique d’une science. Ce n’est pas un certificat d’un QI supérieur au reste de l’humanité, ni l’attestation d’une omniscience. Avoir mis au point une équation, une molécule, un médicament, ne fait pas du prix Nobel un docteur excellant sur l’ensemble de sa science. Confierez-vous l’opération de votre cœur à un orthopédiste ? Pourtant, tous deux, le cardiologue et l’orthopédiste, sont médecins. Mais là où la plupart des prix Nobel ont la modestie de ne s’occuper que de leur science, Krugman, Stiglitz et quelques aspirants tel le français Thomas Piketty,  se rêvent en nouveaux Platon conseillant les Denys de Syracuse de la planète Terre.

En la Grèce, ces people de la science économique, ils voient un animal de laboratoire de leurs théories. Et que nous disent leurs théories ? Retenons, leur plus petit dénominateur commun qui est le keynésianisme. Selon les nouveaux apôtres de l’économiste britannique John Maynard Keynes, il l’Etat doit entreprendre des grands travaux d’infrastructure et de stimuler la consommation par l’augmentation des salaires et par les embauches dans le secteur public. C’est la recette qui, grâce à un Etat providence, a effectivement permis au monde occidental de se redresser après la seconde guerre mondiale. Sauf qu’en Grèce, c’est bien cette politique qu’on a appliqué depuis la fin du régime des colonels (1974). Il n’y a jamais eu autant de travaux publics, jamais autant de fonctionnaires, jamais autant de constructions privées, jamais le crédit à la consommation n’a été aussi facile, jamais les Grecs n’ont fait autant la fête, que dans les 30 dernières années. Seulement, ni les entreprises privées, ni le secteur public n’ont pensé à se moderniser. Comment pouvaient-ils le faire quand leurs cadres rentraient un jour sur deux au petit matin des night-clubs qui faisaient le plein 7 jours sur 7 ? Avec les conséquences qu’on connait aujourd’hui.  Qu’ont à dire nos prix Nobel de cela ?

La loi du plus fort

Certes depuis 2000, il y a eu une vingtaine d’autres prix Nobel en économie que ceux précités, et même tout récemment un grec de Chypre, Christophe Pissaridis (2010) ; on ne les a pas tellement vus venir au secours de la stratégie Varoufakis.  Mais n’est-ce pas que dans une assemblée étudiante, ce sont ceux qui crient le plus fort qui ont raison. Car, pour manier les assemblées, nos gouverneurs de Syriza ont tout conservé des techniques et stratégies des assemblées estudiantines (et ce n’est qu’un euphémisme pour ne pas dire qu’ils n’ont point évolué). Il suffit de regarder avec quelle dextérité la présidente du Parlement, Zoé Konstantopoulou, mène les débats. Pointilleuse sur le règlement sauf quand ça la concerne. Au point d’exaspérer régulièrement les députés de son propre camp. Le chef de l’opposition, Antonis Samaras, a dû interpeller le Premier ministre Tsipras en séance plénière du Parlement, lui lançant « ramassez-la ! » Tsipras n’a eu d’autre choix que de désavouer la Présidente et de lui demander une suspension de séance, le temps des explications dans l’arrière salle.  On avait l’habitude de qualifier le bistrot grec (le Kafeneio) de Petit parlement, référence à la passion des Grecs pour la politique et des discussions animées qui y ont régulièrement cours. Désormais, c’est le Parlement qui est devenu un grand Kafeneio où il n’y a pas une séance sans que les insultes de tout bord pleuvent autant que les menaces d’explications… physiques.

Souvenons-nous que dans l’antiquité, les tyrans n’abolissaient pas les lois qu’ils trouvaient dans la cité. Ils excellaient simplement l’art de les tourner à leur avantage. Et cela a été permanent depuis l’arrivée de Syriza au pouvoir en janvier dernier.

Si un chef d’entreprise donne son avis en public, il est accusé de parler comme un politique et pas comme un entrepreneur ; si un journaliste exprime une opinion à contre-courant, il devient aussitôt le valet de l’opposition. Si un parti de l’opposition… s’oppose, alors, là, il devient l’agent de l’étranger, le vendu aux Allemands, la « cinquième colonne », et j’en passe.  Les seuls qui ont droit de tenir un discours politique ce sont les hommes de Syriza, peu importe si n’importe quel ministre s’exprime sur n’importe quel sujet, semant ainsi la confusion et obligeant à des démentis incessants.

Les dirigeants des organismes publics sont priés de laisser leur fauteuil aux nouveaux venus. S’ils refusent d’obtempérer, leur ministre de tutelle leur fait comprendre qu’ils peuvent se préparer à un contrôle de gestion, duquel ils peuvent être certains qu’ils ne sortiront pas indemnes. La présidente du Parlement a été jusqu’à demander au FMI la liste des journalistes grecs qui ont suivi des séminaires  de formation dans son siège. Pas de chance pour elle, ce n’étaient pas des séminaires de formation mais des bourses pour assister aux assemblées annuelles de l’organisme destinées aux pays pauvres ou en difficulté qui n’avaient pas les moyens de s’offrir une semaine à New York pour couvrir l’évènement. Sur les 300 boursiers dans le monde, il y avait effectivement deux Grecs.

Directeurs d’hôpitaux, directeurs de télévision, directeur des organismes de transports, de gestion de l’eau, d’exploitation du pétrole, présidents d’autorités indépendantes, etc., sont nommés par le Parlement où bien entendu Syriza dispose de la majorité absolue. Interrogés en séance publique, parfois transmise en directe à la télévision, ils doivent subir l’interrogatoire des députés - transformés pour l’occasion en spécialistes des ressources humaines - sur leurs parcours personnel et professionnel. Frères, cousins et neveux des ministres sont bien entendu exemptés de cette humiliante procédure et sont nommés directement par décret. L'opposition a dénombré une centaine de parents proches des ministres et des cadres du parti qui ont été nommés dans les administrations des divers ministères dans les trois mois qui ont suivi l'accession de Syriza au pouvoir. La semaine dernière, avec les banques fermées, le président des Pétroles helléniques, dont l’Etat est l’actionnaire majoritaire, se fait augmenter son salaire de 170.000 euros à 280.000 ! Proche de Pangiotis Lafazanis représentant de la faction la plus à gauche de Syriza et ministre de la Reconstruction productive, il avait été nommé au Conseil d’administration des Pétroles helléniques après l’arrivée du Syriza au gouvernement. Rassurez-vous, après l’indignation provoquée par la nouvelle, il a renoncé à l’augmentation et aux nouvelles charges qui l’accompagnaient, se contenant de la seule présidence au salaire initial de 170.000 €.

Contrôler à ce point l’administration publique pourrait être un moyen d’accélérer les reformes de l’appareil d’Etat et parvenir à une entente sur la sortie de la crise.  Mais de quelle crise parlons-nous ?

La crise pour tous… Vraiment ?

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Mars 2015: Varoufakis et sa femme posent pour Paris Match. Déjeuner light. Normal, nous sommes en période de Carême.

Le souci de la secrétaire de telle sous-préfecture - qui vote Syriza parce qu’elle ne peut plus voter le Papandréou qui l’avait pistonnée à son poste – n’est pas comment payer son loyer à la fin du mois mais comment encaisser les impayés des dix appartements dont elle est propriétaire. Le souci de la prof de collège – propriétaire de ses 200m2 en ville et de la maison familiale au village restauré en pierre de taille et mise aux normes du confort moderne – n’est pas ce qu’elle va manger le soir mais comment finir la construction de sa nouvelle résidence secondaire en bord de mer, loin des rustres villageois. Le souci du facteur communiste sur une île de Cyclades de 2000 âmes et au salaire de 2000 €  mensuels – mais qui, lui aussi, vote Syriza « par raison », parce qu’il le juge plus crédible pour gouverner que le Parti communiste qui est le choix de son cœur  – n’est pas de savoir s’il va pouvoir régler le loyer de la chambre que sa fille étudiante loue à Athènes, mais de savoir si le efapax (sorte de prime de départ à la retraite aux alentours de 80.000 €) sera suffisant pour acheter un appartement à sa fille.

En cette période de soldes estivales, sortez faire un tour dans les grands magasins parisiens. Vous entendrez parler grec comme dans le bon vieux temps avec les mamans venues chercher leur progéniture qui « fait un master à la Sorbonne » et profitent pour remplir leur garde-robe à bon prix. Quant à cette progéniture vous la reconnaitrez à des kilomètres à son look « post-metal / exarcheia » sur les terrasses branchées des quartiers bobos en train de refaire le monde quand elle n’est pas place de la République à manifester sa solidarité à la Grèce avec la section parisienne de Syriza. Pour peu, on nous ferait croire que « cette jeunesse que la crise a jeté sur les routes de l’Europe » se trouvait sur les embarcations des clandestins qui périssent chaque jour en Méditerranée. Ah si, des exilés de la crise, j’en ai rencontré, en banlieue : diplômée, surdiplômée même, elle joue le mickey à Disneyland pour un smic ! Mais pour un cas comme celui-là, combien sont-ils pour qui la crise n’a pas la même définition ?

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Banques, juillet 2016 : des retraités attentent leur tour pour encaisser la portion de retraite autorisée des 120 € hébdomadaires (Reuters).

Bien sûr, il y a de Grecs qui avec la crise se demandent comment nourrir leurs enfants, bien sûr il y a des Grecs qui après cinq ans d’austérité ne peuvent plus se chauffer l’hiver. Bien sûr il y en a qui, salariés, artisans ou chefs de petites entreprises, ont fini dans la rue. Mais ceux-là ne forment pas les bataillons de Syriza. Ceux-là ne comptent pas sur les indemnités de guerre de l’Allemagne pour être absous des excès de leurs propres emprunts bancaires. Ni n’attendent-ils pour se chauffer gratos que la Grèce s’affranchisse de la « tutelle » américaine pour pouvoir exploiter le pétrole dont regorge le sous-sol grec (autre mythe celui-là). Ni que l’Etat nationalise les mines d’or de Chalkidiki pour sortir de leur misère.

Ceux-là ne demandent pas qu’on leur rende la dignité, car ils ne l’ont jamais perdue. Tous comme les retraités qui forment les honteuses files d’attente pour toucher la ration des 120 euros autorisés sur leur retraite, s’il leur arrive de s’indigner, ce n’est pas pour leur dignité perdu, mais pour la dignité perdu de leur pays en faillite ; ils s’indignent pour la dignité perdue d’un gouvernement qui, en six mois, après être devenu la risée du monde civilisé, a détruit leur patrie.

Le prix de la dignité

Combien vaut la dignité des Grecs, M. Tsipras ? Ne disiez-vous pas - hier, certes, mais déjà premier ministre -, que la Grèce n’avait pas besoin de nouveaux plans d’aide ? A quoi ce cirque de six mois de négociation alors ? Pour le plaisir de faire travailler les experts ? Et si, comme vous dites,  vos créanciers sont vos ennemis, des banquiers sanguinaires, que pouvez-vous espérer d’eux ?

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Résultats des élections européennes 2014.

N’est-ce pas qu’enfermé avec vos amis dans l’esthétique de la révolution, vous vous créez des ennemis imaginaires ? Car l’Europe impitoyable que vous montrez du doigt, n’est pas si néolibérale que vous voudriez nous le faire croire. Regardez plutôt la carte de l’Europe politique ci-contre. D’accord, elle n’est pas rouge sang comme le drapeau du Syriza, mais vous m’accorderez que la couleur dominante n’est pas la couleur de la droite.

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Les couleurs de l'Europe politique en 2015

Et, même si vous vous y penchez  un peu plus attentivement, vous remarquerez que la plupart des taches bleues comportent une alliance rose ou vert. Le Parlement européen malgré une forte poussée de la droite aux élections de 2014, conserve son président social-démocrate.

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Jean-Claude Junker reçoit Alexis Tsipras à la Commission européenne dix jours après l'ascension de Syriza au gouvernement.

Cela aurait pu être une chance pour que vous trouviez meilleure compréhension pour régler le problème de la Grèce. Au contraire, vous avez terminé par mettre tout le monde contre vous. A la sensibilité socialiste européenne, s’ajoutent quelques grands philhellènes, avec en premier le Président de la Commission Européenne, Jean-Claude Junker. Le vieux, il ne vous a pas tenu rigueur, M. Tsipras, des insultes avec lesquelles vous lui aviez gratifié lorsque tous deux vous étiez candidats à la présidence de la Commission. Il n’a vu dans votre arrogance que des excès de jeunesse. Vous n’avez eu aucun égard pour le temps qu’il a passé sur le dossier grec, dans des réunions interminables ou terminées au petit matin. Junker et tous les autres, les Hollande et les Merkel, qui ont l’habitude de passer en revue les grandes questions du monde et de prendre des décisions en moins d’une heure. Avec vous, ils n’ont pas ménagé leur temps pour vous recevoir, vous écouter, vous conseiller. Ils ont attendu patiemment que vous leur apportiez votre « plan » puisque le leur ne vous convenait pas. En guise de plan, vous reveniez toujours avec la même copie : un exposé d’idées sur la société juste comme s’il s’agissait de passer votre baccalauréat de philo.

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Bruxelles, juin 2015 : le président du Conseil européen Donald Tusk accueille Alexis Tsipras au sommet d'urgence sur la Grèce (AFP)

Vous n’avez cessé de réclamer des discussions au niveau politique à la place des négociations techniques de la troïka. Sans doute espériez-vous repartir avec un accord qui n’aurait pour seul chiffre que le montant du chèque. Un accord politique vous pourriez le brandir comme un trophée, une approbation au plus haut niveau européen de votre politique. Eh bien, les créanciers ont accédé à votre caprice : ils ont consenti à rebaptiser la troïka en « institutions », les nombre de réunions de l’Eurogroupe au sujet de la Grèce ne se comptent plus ; combien d’heures le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel ont-ils passé à vous recevoir ? Et victoire ultime pour vous, le président du Conseil européen a convoqué un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement des 28 pays de l’Union Européenne. Qu’en avez-vous fait de cette réunion ? Rien !

Les écarts entre les factions qui composent votre parti vous ont rendu schizophrène, M. Tsipras. Car, comment comprendre que vous embauchiez par milliers dans la fonction publique, la veille de votre rencontre avec les banquiers, alors que vous saviez pertinemment qu’ils allaient vous demander des économies sur les dépenses de l’Etat ? Vous appelez ça de la stratégie ? Vous allez, sans doute, nous dire qu’il y avait urgence sociale. Vous voudriez nous faire croire que la réembauche des 500 femmes de ménage du ministère des Finances a changé quelque chose dans l’urgence sociale ? Que le retour des 1000 employés de la télévision publique a réglé le problème de chômage ? Où espériez-vous que la relance de la consommation par ces privilégiés allait faire redémarrer l’économie ? N’est-ce pas plutôt, comme l’a dit un de vos députés en pleine séance du parlement, que « nous ne devons pas oublier la dette envers ceux qui ont soutenu notre lutte électorale » ? Quel a été le prix de cette dette ? L’évanouissement de votre crédibilité et de celle de votre gouvernement !

Les œillères de l’idéologie

Le gouvernement dit que l’état de faillite actuelle de la Grèce est la conclusion des politiques de ses prédécesseurs. Soit, mais qu’a-t-il fait notre premier ministre pour l’éviter depuis qu’il est au gouvernement, à part la réembauche des femmes de ménage et des employés de la télévision ? La lutte efficace contre l’évasion fiscale ce ne sont pas les créanciers qui l’ont empêché de la mener.  La réforme de l’administration ne dépend que de sa volonté. Quels ont été les gages d’efficacité pour récolter l’impôt a-t-il présentés par le ministre de l’Economie  aux créanciers ? Des touristes équipés de webcams et de micro cachés pour surveiller que les vendeurs de camelote sur les plages des Cyclades délivraient bien un ticket de caisse !

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La dignité selon Syriza : préparation des rations alimentaires dans un des Centres de Solidarité.

L’action du gouvernement Syriza pour la justice sociale a été de distribuer de coupons d’alimentation, des allocations logement de 70 €, des accès à de l’électricité gratuite, et autres mesures qui « rendent la dignité aux plus pauvres »,  mais pourquoi n’a-t-il jamais procédé à l’évaluation du programme pilote mis en place par le gouvernement précédent qui consistait, pour la première fois en Grèce, à établir un revenu minimum garanti de 370 € pour toutes les familles ? 770.000 citoyens devaient être concernés à terme, soit 7% de la population pour un budget de 1 milliard. Ah oui, c’était un plan inacceptable parce qu’il faisait partie des accords avec la troïka honnie. Peut-être, aussi, parce que le calcul du revenu minimum garanti prenait en compte la valeur des biens immobiliers de la famille et pas seulement les revenus salariaux déclarés.

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La ministre déléguée à la Solidarité sociale, Theno Photiou, montre la nouvelle Carte de Solidarité au premier ministre Alexis Tsipras.

Le gouvernement vient aujourd’hui expliquer qu’une des pierres d’achoppement des négociations avec les créanciers a été la demande de suppression immédiate de l’EKAS. L’EKAS est une allocation de solidarité au bénéfice des retraités dont le foyer justifie d’un revenu de moins de 15.380 €, soit  1280 €/mois (ou la moitié pour les personnes seules). Le montant de cette allocation varie de 57 € à 230 €/mois/personne. Tsipras ment quand il dit aux Grecs que la Commission européenne demande la suppression immédiate de l’EKAS alors qu’il s’agit d’une suppression progressive d’ici décembre 2016. Cependant, le plus important dans l’affaire n’est pas le moment de la suppression de l’EKAS, mais les œillères idéologiques des négociateurs grecs pour ne pas avoir vu que dans le même texte, dans le chapitre consacré à la justice sociale, la Commission insistait sur la généralisation du Revenu Minimum Garanti, plus avantageux pour les bénéficiaires et concernant l’ensemble de la population et non plus les seuls retraités.

Inutile de multiplier les exemples de mensonges et d’erreurs du gouvernement, quand c’est l’Union européenne dans son ensemble (Commission, Eurogroupe, Banque centrale, et autres institutions) qui est désignée dans la rhétorique de Tsipras, tantôt le responsable et tantôt le complice de la crise grecque.

Mais qu’a-t-elle fait donc cette Grèce glorieuse qu’invoquent les partisans du « grand non » sans l’Europe?

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Petite chapelle, eikonostassi, sur la route de Patras, en mémoire d'une des victimes quotidiennes sur les routes nationales.

Jusqu’à l’entrée de la Grèce dans l’Union européenne, le pays était incapable d’entretenir  une simple route nord-sud de 500 km, son principal axe routier. Aujourd’hui, grâce aux financements de l’Union européenne, deux axes autoroutiers flambants neufs aux normes européennes traversent la Grèce de Thessalonique à Kalamata et d’Igoumenitsa à Alexandroupolis. Aujourd’hui le « karvouniaris », le train à charbon, ne circule plus sur les rails grecs ; il y a trente ans, c’était la seule voiture sur les chemins de fer grecs. A la même époque, les paysans ne pouvaient que compter sur la litanie du pope de la paroisse en cas de mauvaise météo sur les récoltes, aujourd’hui ils bénéficient de la solidarité de la politique agricole commune. Il y a quarante ans, l’électricité n’était pas disponible pour tout le monde. Moi-même, j’ai traversé une partie de ma scolarité à la lueur de la lampe à pétrole, et ma mère prenait la calèche pour taxi ; ce n’était pas en 1820 ni dans une bourgade oubliée du développement, mais en 1970 dans la quatrième ville du pays. Le téléphone, c’était pour quelques privilégiés des grandes villes. La voiture, un rêve inaccessible.

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L'entrée du tunnel traversant le Pinde sur la via Egnantia, dans StreetView de Google

Trente ans après, juste avant la crise, sur les autoroutes grecques, les Porsche Cayenne la disputaient aux Mercédès Kompressor et la fierté de mes compatriotes c’était d’avoir fait du whisky la première boisson nationale avec une consommation qui surpassait celle de l’ouzo traditionnel. Il y a trente ans, pour la plupart des Grecs, les vacances estivales consistaient au retour au village paternel, et, encore, pas toujours pour siroter le café au kafeneio mais pour prêter main forte aux travaux des champs. Aujourd’hui – okay, disons avant la crise – presque tout le monde a eu au moins une semaine sur les îles. L’étranger n’était, hier, connu que pas les images de la télévision ; aujourd’hui, grâce aux vols low-cost les week-ends de trois jours à Rome sont devenus une routine et les cartes visas ont remplacé les dekares (subdivision de la drachme) à trou dans le portefeuille.

Plus près de nos temps, si l’Union européenne n’avait pas été là au moment de la crise financière de 2008, les banques grecques seraient déjà fermés et dans un état bien pire que celui que les Grecs constatent cette semaine. C’est grâce à l’Union européenne que la moitié de la dette grecque a été effacée et 100 milliards provenant des gouvernements européens ont été injectés pour recapitaliser les banques grecques. Grâce au système de financement de la BCE, la Grèce peut emprunter à un taux de 1,5% alors que les taux sur le marché dépassent les 10%. Depuis que Syriza est arrivé au pouvoir, la Banque Centrale Européenne a porté son exposition au risque grec à 136 milliards pour permettre au système bancaire grec de fonctionner avec des liquidités suffisantes ! Cela s’appelle pour Tsipras l’asphyxie organisée des banques grecques ! Même la ration de 120 € que l’état grec peut encore aujourd’hui donner aux retraités, c’est grâce au maintien de la ligne de crédit d'urgence de la BCE. Cela s’appelle de l’étranglement, pour Tsipras ! Et, lui, qu’a-t-il fait pour sauver les banques grecques et les retraites des gens ? Il a envoyé Varoufakis faire le guignol dans les cours des capitales européennes en traitant ses homologues de terroristes !

C’est tout cela le mal que l’Europe des banquiers a fait à la Grèce. Soit nous assistons à une hypocrisie inouïe, soit à un caprice de ventres pleins et de foies gavés. A moins qu’il ne s’agisse que de démagogie, si efficacement menée qu’elle parvient à masquer l’inaction totale du gouvernement Syriza.

Seuls contre tous ou la tentation djihadiste

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« Honneurs » à Léonidas devant le monument des Thermopyles par les membres du parti d'extrême-droite Chrysi Avgi (Aube Dorée). Une esthétique qui inspire la résistance des Grecs aux « envahisseurs» venus de l'Union européenne, bien au-delà du périmètre folklorique de Chrysi Avgh.

Le gouvernement nous dit que le référendum n’est pas « rester ou quitter » l’Union européenne, mais pour disposer d’une arme plus puissante dans les négociations. Pour obtenir quoi ? Le double, sans doute, de ce que le gouvernement Syriza a obtenu en six mois de « dure » négociation. C’est-à-dire deux fois zéro. Comme nous l’avons déjà écrit, comment peut-on développer une rhétorique martiale désignant l’Union européenne comme l’ennemi  contre qui on appelle son peuple à résister comme en ’40, et demander à la même Union européenne d’effacer la dette grecque et de financer le prochain plan de développement ? Comme si ce n’était pas la Grèce qui devait les 320 milliards d’euros, mais l’Union européenne qui était redevable à la Grèce !

Tsipras réclame un fonctionnement plus démocratique de l’Union européenne, au même temps qu’il demande à Merkel et à Hollande de décider en autocrates pour le reste des pays européens. Il brandit la souveraineté grecque et, en même temps, il demande aux Etats-Unis de faire pression sur l’Europe en sa faveur. Il promet aux Grecs des milliards russes, en acompte des péages à venir d’oléoduc qui n’est même pas dessiné sur le papier. Le peuple y croit ! Tsipras, lui-même y croit, tant il ne réalise pas que, Russes ou Chinois, la Grèce ne les intéresse que si elle est solvable et en position de servir de porte d’entrée en Europe. Une Grèce en faillite et isolée du reste de l’Europe n’intéresse personne. En revanche, une Grèce affaiblie et isolée, intéresse fortement les voisins immédiats : la Turquie bien sûr, mais aussi l’Albanie, la Fyrom et la Bulgarie. La diplomatie grecque a brillé par sa nullité en réussissant en six mois à couper tous les ponts.

admin
Alexis Tsipras irradiant lors du meeting des "non", place Syntagma à Athènes le 3 juillet.

admin
Une autre imagerie révolutionnaire, venue d'un peu plus loin.

Il ne faut pas chercher une quelconque logique dans la rhétorique Tsipras. Tel un autiste, il est pris dans sa propre spirale. Tant que le chewing-gum de la résistance héroïque des Grecs, de la dignité et de la fierté nationale produit son effet sur la population, il continuera à le mâchouiller et à brandir les icônes de héros de l’histoire ancienne et récente pour galvaniser les foules. Rendre les honneurs aux héros est une chose, les vénérer en est une autre, car le degré de vénération d’un peuple pour ses héros est proportionnel à la distance qui le sépare des valeurs que ses héros incarnent. Personne ne vénère quelqu’un qui lui ressemble ; on est en revanche autant ébahis par le courage de quelqu’un que nous-mêmes avons été incapables de faire preuve. Un peuple qui honore ses héros est un peuple adulte et responsable, capable d’un rapport critique à son histoire. Avec un peuple qui adore ses idoles, vous pouvez vous attendre aux pires des lâchetés et il sera toujours la proie de ses dirigeants. Seule certitude : une fois de plus, le peuple paiera la folie de ses dirigeants.

La mécanique révolutionnaire est malheureusement bien connue :

  • D’abord, citez le peuple autant que possible. C’est comme avec le matraquage publicitaire : à force de répétition, ça finit par rentrer.
  • Désignez ensuite un ennemi, de préférence étranger, comploteur et manipulateur, auteur des tous les maux du peuple.
  • Promettez, bien sûr, au peuple, pas seulement un avenir meilleur, mais un avenir radieux. Comme dans tout bon marketing, pour mieux placer la marchandise, il faut vendre avant tout du rêve. Du « de l’argent, il y en a » de Papandréou en 2009 au « nous n’avons pas besoin d’argent » de Tsipras en 2015, il s’agissait dans les deux cas d’affirmer une capacité d’autodétermination. 
  • Exaltez, donc, la souveraineté populaire.
  • N’oubliez pas de désigner un ennemi intérieur, collabo de l’ennemi extérieur. De cette façon, il vous sera facile de limoger à moindre frais l’opposition.
  • Vous pouvez maintenant convoquer tous les héros populaires, de Léonidas de Sparte, à Kolokotronis et à Velouchiotis, et dire au peuple que, lui aussi, il est en train d’écrire l’histoire comme les 300 des Thermopyles, c’est-à-dire que, comme les héros, chacun accédera à l’immortalité.
  • Surtout ne faites aucune autre référence au passé du peuple : l’histoire commence aujourd’hui, avec vous et avec lui. Rappelez à votre peuple que tout ce que vous représentez à ses yeux n’a jamais existé auparavant.
  • Terminez par une bonne dose d’universalité : que votre peuple sera un exemple pour la planète entière, que son action courageuse changera la face du monde et épandra la justice sociale et la démocratie sur terre.

Vous obtiendrez ainsi un peuple entièrement dévoué à votre cause, il boira vos paroles comme du petit lait, prêt à donner sa vie et sa fortune pour votre gloire et la sienne. Vous pourrez alors rassembler votre peuple pour un dernier échauffement place Syntagma, avant de le lancer à l’assaut des remparts de Bruxelles, la nouvelle Troie.

Ruse versus héroïsme

admin
Nikos Kouris en Aias, de Sophocle/Vaggelis Théodoropoulos ©Dimosthenis Gallis

Fort opportunément, le Théâtre du Nouveau Monde (Θέατρο του Νέου Κόσμου) nous rappelle la tragédie de Sophocle Aias (Ajax), qu’il présente cet été à Épidaure, dans une mise en scène de Vaggelis Theodoropoulos. Les Grecs campent à l’extérieur de Troie, et Achille, le plus valeureux des combattants, est mort. Aias, chef des Salaminiens, considère que les armes d’Achille lui reviennent au titre de leur amitié, mais aussi parce qu’il était le plus courageux après Achille. Seulement, Agamemnon et Ménélas, les chefs des Achéens et chefs de l’expédition grecque, décident de confier les armes au roi d’Ithaque, Odysseus. Vexé, Aias en colère s’en prend d’abord au campement des siens, mais aveuglé par la déesse Athéna, il se tourne finalement vers le bétail qui servait de nourriture aux Grecs et massacre tous les animaux qu’il trouve sur son passage. Quand il réalise sa folie, croyant sauver son honneur et racheter sa honte, il se donne la mort avec l'épée arrachée au Troyen Hector.

Sophocle met en scène Aias le héros solitaire, le guerrier à l’ancienne, bestial et instinctif, pour qui l’honneur est plus que tout, sa vie. En face d’Aias, le calculateur Ulysse : héros des temps modernes, fin tacticien, plein d’imagination et de ruse.

admin
Singe regardant le chat tirer les marrons du feu, de Jean de la Fontaine. Gravure de Bouchot

Ce pourraient être aussi les deux faces du peuple grec, héroïque et indomptable quand il s’agit de défendre sa liberté, inventif et débrouillard devant les défis du temps ; oui, si la « koutoponiria » ne l’avait pas emporté. La « koutoponiria » c’est cette habilité à jouer  l’idiot avec malice pour toujours tirer les marrons du feu pour son compte. Le Grec d’aujourd’hui est à l’image des supporters de Syriza : en même temps qu’il planque ses économies à l’étranger, il apporte un soutien inconditionnel au gouvernement qui permet à Tsipras de se vanter « d’un score quasi-soviétique ». J’aurais été avocat que j’aurai fait fortune avec le nombre de compatriotes qui m’ont demandé cette année conseil sur la meilleure façon de faire venir leur argent dans les banques françaises. N’allez pas croire qu’il s’agissait de grandes fortunes… juste des petits gens qui cumulant prime après prime dans la fonction publique, petits héritages et retraites confortables de leurs aïeux, ont fini par rassembler des petites sommes rondelettes qui faisaient le charme du Zorba insouciant, the modern Greek way of life.

C’est le même problème avec Tsipras qui n’est ni Aias, ni Ulysse. Lui, il se croit être tantôt l’un, et tantôt l’autre, à moins qu’il ne se partage les rôles avec Varoufakis, à moi l’héroïsme à toi la ruse. Mais ce sont des copies bien jaunies par les 3.000 ans qui se sont écoulés depuis l’ère d’Aias. Dans le poker menteur auquel les gouvernants grecs d’aujourd’hui se sont engagés avec leurs alliés qu’ils prennent pour des ennemis, il n’y a que mensonge et nulle trace de ruse. Et, dans la manipulation populiste à laquelle ils excellent, les guerriers et les héros d’antan auraient du mal à reconnaître leur reflet.

A.E. / i-GR

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Soumis par sermoy (non vérifié) le

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Tout y est dit. J'espère que les grecs, en pleine connaissance des événements qui les affectent et avant de trancher pour le "non" ou pour le "oui", auront pris connaissance soit de votre éditorial soit, si elles existent, de tribunes de fonds neutres de n'importe quel courant politique grec. Il ne s'agit plus de savoir qui a fait quoi, hier, mais comment, demain et en l'état actuel des faits, la Grèce, en toute dignité, peut se relever avec l'aide des autres pays de l'Europe en mettant en oeuvre des réformes "dures" mais hélas nécessaires.

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bonjour

je suis tout a fait d'accord avec votre analyse du contenu de l'édito, dur mais malheureusement vrai.. et maintenant le gvt va t il prendre les mesures de justice sociales et fiscale va t il sortir de son populisme et son nationalisme..6 mois de perdus des milliards qui se sont envolés ou lieu d'etre investis en gréce joli bilan..

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61%pour le non,composé à vous lire, des petites gens,des fonctionnaires faisant partie de la petite bourgeoisie(C'est vrai qu'un prof de Lycée à 750€ mensuels est petit bourgeois) et d'une partie de la grande bourgeoisie,cela porte un nom,et cela s'appelle un peuple.Peut être préféreriez-vous un bon régime basé sur 49% de votant représentant une petite partie de petites gens,une infime partie de fonctionnaires et d'une moitié de grands bourgeois "actifs". Amitiés pour la Gréce....

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Je ne peux être d’accord avec vous sur la définition du peuple. Le peuple n’est pas constitué par une quelconque majorité politique ou sociale, qu’elle soit de 30, de 60 ou de 80%. La notion de peuple inclue l’ensemble de la population, y compris ceux qui ne votent pas, ceux qui s’opposent à la majorité ou ceux qui s’abstiennent ou votent blanc. C’est sur cette capacité à tenir compte de l’ensemble de la population, et pas seulement de leur électorat, sur leur capacité à dépasser les divisions pré-électorales, qu’on peut apprécier la hauteur de vue des gouvernants.

Je suis d’accord avec vous pour dire qu’effectivement l’ensemble des fonctionnaires peut former majorité. Il y a en Grèce quelques 700.000 fonctionnaires. Ce sont eux qui ont été le plus touchés directement par les mesures d’austérité en perdant la plupart des primes et avantages qu’ils avaient. (Indirectement ce sont les employés du privé qui ont été le plus touchés, parce que, eux, n’avaient aucun filet de protection et ils ont perdu leur emploi sans perspective d’en retrouver un rapidement).

Indépendamment de l’idée que chacun peut se faire sur la justesse ou pas des avantages des fonctionnaires avant la crise, si on se met à leur place, personne n’aimerait qu’on lui supprime 20 à 30 % de sa rémunération, du jour au lendemain. (Cela dit en France aussi les fonctionnaires ont perdu quelques 7% de leur pouvoir d’achat par l’effet du gel de leur rémunération depuis 2010, auxquels s’ajoutent la suppression de certaines primes et l’augmentation de certaines cotisations).

Il est donc compréhensible qu’ils votent Syriza. Si pour chaque fonctionnaire vous ajoutez au moins un deuxième vote de la famille (cela aussi est parfaitement normal, la solidarité commence par la famille), vous arrivez à 1.4 millions de voix, soit près des 40 % des voix du « oxi » au référendum et 2/3 des voix de Syriza aux élections. C’est un « bataillon » qui permet de rendre une victoire confortable et même écrasante. Mais cela n’a rien de scandaleux, ni de spécifiquement grec. Tous les pays développés ont un corps important de fonctionnaires puisque l’administration est indissociable du bon fonctionnement d’un pays organisé. Et dans tous les pays, le vote des fonctionnaires pèse de tout son poids, c’est le cas de le dire. Le problème en Grèce n’est pas tant leur surnombre ni leur salaire en soi, mais leur inefficacité et une rémunération disproportionnée eu égard aux ressources de l’Etat.

Je vous laisse lire, ci-après, mon commentaire plus détaillé sur l’information que vous avez fourni concernant le salaire des professeurs de lycée.

Les 750 € de salaire mensuel que vous citez pour un prof de Lycée, s’il n’est pas très loin de la vérité, il ne peut être utilisé comme indicatif du salaire de tous les profs sans faire une généralisation abusive. Je suppose que vous entendez par ce montant, un salaire actuel (c’est-à-dire en pleine période d’austérité, après déduction de la cotisation exceptionnelle de solidarité), en  début de carrière et primes non incluses (Il en subsiste encore plusieurs et pas des moindres dont la liste dépasse le cadre de cette réponse).

Le salaire le plus bas d’un fonctionnaire en Grèce est exactement de 780 € brut sur la base de la grille unifiée des salaires de la fonction publique grecque 2011 (et sans tenir compte d’éventuelles actualisations). Ce salaire correspond à la catégorie de personnels diplômés de l’enseignement obligatoire, c’est-à-dire détenteurs d’un équivalent du Brevet des collèges en France (BEPC). On peut bien sûr en rencontrer comme des assistants dans les lycées technqiues, mais vous pensez bien qu’un enseignant "normal" au Lycée est un peu plus diplômé que ça. D’autre part, aussi bien le début de carrière que son évolution diffère en fonction du niveau des diplômes détenus. Le salaire minimum d’un instituteur de qualification minimale (donc cas plutôt rare), première année de service, sans aucun avantage, pas marié, pas d’enfants, pas de prime pour zone spéciale (et en Grèce la zone frontalière + région rurale éloigné + quartiers difficiles, c’est presque la moitié du pays), ce salaire est de 1092 € brut ou 817 € net. Comme dit, n’y sont pas incluses diverses primes soumises à conditions, ni la prime systématique de 40 € d’ « incitation à la productivité » pour les détenteurs d’un diplôme universitaire, ce qui est la condition minimum pour enseigner au Lycée, etc. Il faut aussi préciser que c’est un salaire net d’impôts (car prélevé à la source). Pour avoir une idée plus représentative de la rémunération moyenne d’un enseignant de lycée, je crois qu’il faut considérer un profil avec une ancienneté de 10 ans (grade D, échelon 4) marié avec deux enfants. En ce cas sa rémunération sera de 1.400 € brut et environ  1.050 € net d’impôts. A titre de comparaison en France un profil similaire peut prétendre à 1.800 € net mais avant impôt.

Il faut aussi savoir que le salaire d’un prof n’est pas représentatif du salaire d’un fonctionnaire grec puisque les enseignants sont la catégorie la plus mal payée parmi les fonctionnaires (en Grèce, et je crois aussi en France, probablement à cause du nombre d’heures de service et des jours de congés).

Bien entendu, on ne peut pas comparer les chiffres France/Grèce directement, ni le coût de la vie, ni les ressources de l’Etat ne sont les mêmes entre les deux pays.  Pour arriver à une véritable comparaison, il faudrait aussi tenir compte des avantages/désavantages collatéraux comme le temps d’enseignement effectif (415 heures pour les collèges grecs contre 645 heures en France selon l’OCDE, soit une différence de près de 55% quand même), la prime au départ à la retraite des Grecs qui pouvait atteindre les 70.000 € avant les coupes, la possibilité valable aujourd’hui pour les femmes grecques de prendre leur retraite après 15 ans de services si elles sont mères d’un enfant mineur. Ce n’est pas pour dire que les fonctionnaires grecs ont des super- salaires, surtout pas aujourd’hui après les coupes drastiques qu’ils ont subi ces dernières années. Par contre, avant la crise, il y avait des abus systématiques, p.e. en 2009, le salaire minimum net d’un instituteur en début de carrière était de 1.026 € ce qui compte tenu du coût de la vie faisait un salaire moyen, sauf que, comme beaucoup de fonctionnaires à l’époque, il pouvait facilement le doubler en cumulant toute sorte de primes, ou obtenir une subvention de 40% du prix d’achat en cas d’acquisition de son logement dans une région frontalière, ce qui n’est pas mal quand on est sur l’île de Rhodes ! Cela ne veut pas dire que ces abus étaient la seule cause de la dette publique grecque, loin de là.

Vous pouvez compléter votre information sur les primes qui subsistent, avec le projet de loi du gouvernement actuel en date du 28 mai 2015 (proposé à la discussion publique jusqu’au 2 juin, soit pendant le week-end de la Pentecôte orthodoxe !)  http://www.opengov.gr/minfin/?p=5137 (en grec)

Pour résumer, je répète ce que j’écrivais au début de ce post, que le problème en Grèce (je précise à nouveau, pb avec les fonctionnaires qui nous occupe ici, et pas le problème général de la Grèce), n’est pas le surnombre des fonctionnaires ni leur salaire en soi, mais l’inefficacité du système et une rémunération disproportionnée par rapport aux ressources de l’Etat. A cela s’ajoute une gestion inappropriée des effectifs. Entre 2000 et 2010, la Grèce, l’Espagne et le Portugal doublaient les effectifs de leur Fonction publique respective), alors que les autres pays européens  s’engageaient, eux,  dans une diminution des effectifs par la modernisation des administrations (notamment lutte contre la bureaucratie, simplification des procédures administratives, dématérialisation des documents, informatisation et développement des services publics en ligne)

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Soumis par Tiresias (non vérifié) le

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Est-il anormal de demander qui est l'auteur d'un article aussi violent et partisan, cumulant informations contestables , témoignages invérifiables et attaques ad hominem ?
Et est-il digne d'un administrateur adulte et responsable d'y répondre par un puéril "vous êtes de la police" ?

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Il ne peut exister d’objectivité qu’UNE et personne ne peut prétendre la détenir, c’est pourquoi la prétention à l'objectivité est le propre des régimes totalitaires. En démocratie c’est la règle des opinions – par nature subjectives – qui prévaut. D’où l’exigence de leur respect, gage de pluralisme. Une majorité n’est que simple convergence (majoritaire) d’opinions qui n’implique aucunement l’objectivité des opinions y convergeant. Cela est tout aussi valable pour une quelconque minorité. Quant à la violence de l'article, si vous mesurez la violence par l'écart des opinions exprimées avec vos propres opinions, c'est votre droit d'établir les étalons de violence qui vous conviennent, mais ça ne regarde que vous ; l'auteur n'a aucune autre intention que celle de donner un point de vue à partir de faits et de situations observés et surtout aucune intention de violenter quiconque.

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Soumis par Tiresias (non vérifié) le

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Bonjour.
Mon intervention n'avait d'autre but que de vous interpeller sur le caractère peu civil de votre réponse à jlpineau@wanadoofr
Je suis heureux de constater qu'elle vous a permis de vous exprimer avec davantage de courtoisie.

Sur le fond:
Vous me faites la leçon sur la nécessaire part de subjectivité que comporte toute prise de position.
Faut-il vous rappeler que si, en démocratie,  chaque citoyen a le droit d'exprimer librement et fortement ses opinions, tout autre a le droit de lui en demander raison ?
Mais pour cela, encore faut-il savoir, sinon qui est l'orateur, du moins d'où il parle.
Vous me reprochez l'adjectif "violent". Il est vrai que j'aurais plutôt dû écrire "véhément", pour la tonalité générale de cette diatribe, par ailleurs d'une haute tenue littéraire.
Mais, à la réflexion, j'aurais pu, ici où là, trouver d'autres qualificatifs :
Par exemple :
Tendancieux": "Comment appelleriez-vous une coalition entre un parti nationaliste et un parti socialiste, si ce n’est pas une coalition national-socialiste ?"
Aigri : "Qu’est-ce qu’un prix Nobel ? C’est un prix – le plus prestigieux – attribué pour l’excellence prouvée sur une partie très spécifique d’une science. Ce n’est pas un certificat d’un QI supérieur ..." 
Haineux  : "(L'Europe)... n’est pas rouge sang comme le drapeau de Syriza."
Excessif et donc dérisoire : "Le souci de la secrétaire de telle sous-préfecture - qui vote Syriza parce qu’elle ne peut plus voter le Papandréou qui l’avait pistonnée à son poste – n’est pas comment payer son loyer à la fin du mois mais comment encaisser les impayés des dix appartements dont elle est propriétaire."
Et même diffamatoire :  "Tsipras  planque (sic) ses économies à l’étranger". 
Si cette dernière accusation est fondée, il faudrait que notre mystérieux censeur en apporte la preuve, faute de quoi son propos ne méritera pas plus que le mépris que l'on doit à toute délation anonyme.

Mes amitiés et toute mon admiration au peuple grec.

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Soumis par iNFO-GRECE le

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Cher Monsieur,

Je suis désolé que la remarque sur « l’objectivité » vous ait été adressée au lieu de l’intervenant précédant « jlpineau », mais comme entre temps vous vous êtes fait en quelque sorte son avocat, je pense qu’elle a trouvé un bon interlocuteur.

En tout cas, il  n’y avait nulle intention de faire la leçon comme vous dites, et je regrette si vous l’avez perçu ainsi. Il s’agissait seulement de reposer quelques définitions pour une meilleure clarté de la discussion. Quant à ma manière de répondre à ce M. jlpineau, je ne pense pas qu’il y ait place pour davantage de politesse envers quelqu’un qui tout ce qui trouve à dire c’est de vous reprocher d’être « partisan » sans la moindre argumentation, avant de vous demander « vos papiers ». Qu’est-ce que ça aurait changé que je signe avec mon nom entier au lieu de mes initiales ? Qu'est-ce que ça aurait changé que je m'appelle Jean Dupont ou Pierre Dumont ? Qu’il sache que je suis grec, français, allemand ou italien ? Que je sois blanc ou noir, gros comme une baleine ou sec comme une sardine, blond ou brun, riche ou pauvre, fonctionnaire ou employé, chômeur ou chef d’entreprise ?

Je ne vais pas invoquer une certaine tradition de la presse où quelqu’un qui écrit régulièrement dans un support, signe parfois avec ses seules initiales. Je vous remercie au passage de reconnaitre qu’une diatribe est un genre littéraire comme le pamphlet, la satyre, etc., bien que la première intention de l’article n’est pas de faire de la littérature pour le seul plaisir de l’art.

Je vais plutôt défendre l’intérêt de l’anonymat tel que pratiqué sur Internet, qui oblige à se concentrer sur la parole (le dit) au lieu de la discriminer avant même de l’avoir entendue. Certes, l’anonymat comporte d’autres risques, mais après les excès passés du « d’où parlez-vous », les avantages dépassent les inconvénients.

Je récuse également votre idée de « droit (du lecteur) à demander la raison (des opinions) ». Tout homme est libre d’avoir les opinions qu’il veut, sans devoir à en justifier le pourquoi.  Pour moi donner la raison des opinions porte un nom qui s’appelle l’inquisition. Bien entendu, chacun a le droit de juger de la justesse ou pas d’une opinion - ce qui alimente le débat démocratique -, mais je ne connais pas de droit de juger une opinion en fonction de la personne qui l’exprime, ni de droit qui oblige une personne de s’expliquer sur le pourquoi de son opinion.

Enfin, j’estime qu’il y a suffisamment de faits et de données dans mon article (d’où aussi sa longueur) pour permettre au lecteur de juger si mes conclusion (plutôt que mes opinions) sont justes ou pas, et éventuellement de se faire sa propre opinion.

Et pour conclure cette histoire sur la signature, un lecteur attentif aurait vu que l’article est classé dans la catégorie « éditorial ». Dans un site comme iNFO-GRECE ce n’est pas n’importe qui qui peut publier un éditorial et de plus associer ses initiales aux initiales du site. A partir de là, c’est un jeu d’enfant que de trouver l’identité de l’auteur, ce qui n’est point un secret pour les milliers de lecteurs qui suivent info-Grèce depuis quinze ans maintenant.

Aussi, vous me permettrez de ne pas reconnaitre le fil qui vous a conduit aux adjectifs énumérés ci-dessus, formés à partir des citations que vous avez retenu. J’aurai préféré que vous commentiez les citations elle-même au lieu de jouer au psychanalyste pour comprendre le caractère de leur auteur. Je vous laisse le privilège de tirer les conclusions que vous plaisent.

Je dirai seulement deux mots sur les deux dernières citations :

Celle, d’abord, que vous qualifiez d’excessive et dérisoire. Malheureusement, comme la plupart des cas que je cite dans mon article, ce sont des situations que je connais de première main. Beaucoup, ce sont mes amis, les autres des amis d’amis ! Mais, il y a un dicton qui dit « aimez vos amis avec leurs défauts ». Ils restent mes amis et vous comprenez la difficulté des l’auteur de dénoncer des pratiques les concernant. On ne peut y arriver qu’en faisant abstraction des personnes physiques et en considérant les seuls faits (ce qu’apparemment vous refusez de faire avec jlpineau).

La dernière citation que vous qualifiez de diffamatoire : "Tsipras  planque (sic) ses économies à l’étranger". J’étais moi-même étonné que vous trouviez une pareille phrase dans mon texte. J’ai dû recourir aux fonctions recherche du navigateur pour repérer l’endroit où cela aurait pu être écrit. Voici la phrase entière d’où votre passage est extrait :

Le Grec d’aujourd’hui est à l’image des supporters de Syriza : il apporte un soutien inconditionnel qui permet à Tsipras de se vanter « d’un score quasi-soviétique » en même temps qu’il planque ses économies à l’étranger.

Il est vrai  que la structure syntaxique de la phrase prête à confusion, elle sera corrigée dans les prochaines heures et c’est pourquoi je la reproduis ici dans son intégralité afin de permettre au lecteur, qui viendrait ici après la rectification, de suivre notre discussion. Cette phrase est elle-même insérée dans un contexte plus général où il est question de « koutoponiria » ou de « sournoiserie » que j’oppose à la véritable ruse d'Ulysse. Le « il », sujet du « planque ses économies à l’étranger », se réfère au « Grec » de sorte à souligner la contradiction entre d’une part l'acte d'apporter un soutien inconditionnel à Syriza pour défendre l’intérêt commun et d’autre part protéger ses intérêts personnels en mettant son argent à l’abri d’une éventuelle taxation. Ce « il » ne pourrait donc être le « Tsipras ». Immédiatement après, j’écris sur « le nombre de compatriotes » qui ont eu cette attitude, donc là encore ce ne pourrait être Tsipras. Quoi qu’il en soit, la phrase pourrait être mieux formulée pour éviter de telles confusions. Je vous remercie d’avoir attiré l’attention sur ce point et toutes mes excuses si cela vous a conduit à des conclusions malencontreuses.

Cher Monsieur, comprenez bien que le plus simple pour un site (ou un organe de presse) serait d’aller dans le sens de ses lecteurs. Ce n’est pas toujours le cas. iNFO-GRECE existe depuis 15 ans maintenant et, dès le départ, a fait le choix de ne dépendre d’aucun groupement d’intérêts constitués et de cultiver avec gel une tonalité indépendante (à ne pas confondre indépendance avec objectivité, bien sûr). Nos lecteurs nous ont fait grâce des froissements que nous avons pu parfois provoquer à leur sensibilité, en nous restant fidèles par milliers. Parce que notre indépendance est aussi la leur. Comprenez aussi qu’il n’est pas facile pour un site « grec » de s’exprimer « négativement » sur son pays, surtout lorsqu'on opère à l'extérieur du pays et dans une langue autre que le grec. Il est plus facile de s’en prendre à un gouvernement, à un chef de parti, à un banquier, etc., qu’à un « peuple ». Je ne suis pas un adepte du « les peuples méritent leur gouvernants », mais le « peuple » ne peut non plus être exempt de tout péché. Nous espérons que la transparence des faits et la multiplicité des paroles permises par les technologies modernes puissent aider à renforcer la responsabilité de la conscience collective, qu'elle soit à l'échelle d'une communauté ou d'un peuple.

A.E. / i-GR

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Soumis par Tiresias (non vérifié) le

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Cher Monsieur, ou peut-être chère Madame,  chère "baleine", chèr(e)... puisque, visiteur occasionnel et lointain d'Info Grèce, je ne sais pas qui se cache derrière les initiales AE manifestement familières à tout "lecteur attentif" et assidu de ce site,

je ne voudrais pas monopoliser plus longuement l'espace "Commentaires" de votre éditorial. Je vous réponds donc une dernière fois publiquement. Si vous souhaitez poursuivre la discussion avec moi, vous pouvez m'écrire à l'adresse qui figure dans mon profil.

"Demander raison" signifie demander à celui qui s'exprime de démontrer que son opinion est "raisonnée" et non l'expression d'un ensemble d'idées reçues ou d'une idéologie nauséabonde.

Vous dites que  "tout homme est libre d’avoir les opinions qu’il veut, sans devoir en justifier le pourquoi."
Mesurez-vous bien la portée de votre propos ?
Ainsi donc, si quelqu'un clame, par exemple :
"Les nègres constituent une race inférieure"
"Les femmes sont moins intelligentes que les  hommes"
"Les chambres à gaz n'ont jamais existé"
"Le 11 septembre est un complot de la CIA"
ou encore "les Grecs sont tous des voleurs et des fainéants"

il peut le dire "sans avoir à en  justifier le pourquoi" ?!
Je ne peux être d'accord avec vous.
Je suis de ceux qui pensent que la liberté d'expression doit être totale, qu'aucune loi ne doit jamais entraver la parole de quiconque et qu'on ne combat des idées qu'avec des idées.
Mais justement pour cela, j'ai le droit (et même le devoir) de "demander raison" à celui qui professe de telles "opinions".

Je ne vous mets pas dans le même sac que ces gens ou ces partis-là, mais j'ai été heurté pas vos amalgames.
J'admets avoir mal interprété votre accusation sur l'argent "planqué" à l'étranger. Elle ne s'adressait pas à Tsipras lui-même mais à ceux qui votent pour lui. Dont acte. Vous avouerez cependant que, quelle que soit la qualité de votre style, la phrase pouvait prêter à confusion, surtout dans la tonalité polémique de l'ensemble.
Mais je ne peux pas rester sans réaction devant ce que vous appelez "des faits et des données" et qui ne sont que des insinuations.
Le drapeau de Syriza est simplement rouge et non  pas "rouge sang". Vous n'ignorez pas qu'en employant cette expression vous réveillez le vieux fantasme du révolutionnaire au couteau entre les dents. A quelles fins ?
Un parti socialiste qui, pour former une majorité presque absolue, doit nouer une alliance de circonstance avec un petit parti nationaliste (en France, on dirait plutôt souverainiste") ne devient pas pour autant "national socialiste". Vous savez très bien que vous qualifiez ainsi Syriza de parti "nazi", ce qui est inacceptable.

Enfin, vous vous targuez de ne pas aller "dans le sens de l'opinion dominante".
C'est probablement le cas en Grèce, quoique les médias de votre pays ne soient pas tendre avec vos gouvernants...
Mais quand vous vous exprimez en Français sur un site Internet, vous vous adressez moins à vos compatriotes qu'à des  Français et à des francophones.
Or, casser du Grec, et surtout du Tsipras, est du dernier chic en Europe.
L'hellénophobie est à la mode et, que vous le vouliez ou non, elle vient de trouver en vous un porte parole autochtone d'une grande qualité littéraire.

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Vous avez raison de vouloir arrêter là cette discussion parce qu’effectivement elle tourne en rond. Au lieu d’insinuer que… j’insinue, j’aurais aimé trouver dans vos réponses quelques démentis aux faits évoqués ou quelques contre-arguments aux arguments avancés dans l’article. Je ne vois que des réfutations à priori et des analogies qui visent le discrédit. Concernant le texte de départ, je n’irai pas jusqu’à dire que Syriza est un parti nazi, puisque le texte se référait à l’alliance gouvernementale et pas à une de ses composantes, mais si malgré tout vous tirez cette conclusion, ça ne me gêne point. D’un extrême à l’autre,  devrait-on faire un choix ? Devant le drame qui se joue en Grèce, est-ce la réputation de Syriza qui importe. « Casser » comme vous dites du Grec, ne revient pas forcement à casser du Tsipras, et vice-versa. Tsipras n’est pas encore une icône à laquelle il serait déjà interdit de commettre sacrilège. Et dire certaines vérités sur les excès de certaines catégories professionnelles, je ne vois pas en quoi cela revient à « casser du grec ».

Évidemment, je maintiens qu’aucune limitation de la liberté d’opinion et de son expression ne peut être justifiée. Il appartient aux auteurs d’assumer leurs idées, et à ceux qui y adhèrent. Si elles sont fausses, il faut espérer que des esprits plus éclairés se chargeront à prouver le contraire. Je vois mal qui pourrait être le garant de la vérité et de la justesse des idées et des opinions des gens. Une opinion n’est pas un machin exclusivement rationnel. Une opinion est, effectivement, le fruit d’une de réflexion, mais elle est aussi l’agrégation d’inspirations, d’idées reçues, de doxa, de vécu, de mémoire, d’espoirs et de projections, etc., ce qui n’empêche nullement la raison d’être invoquée dans le débat d’idées. Ainsi, demander à quelqu’un le « pourquoi » de son opinion revient à lui demander « pourquoi il réfléchit ainsi ». Je me demande de quel droit quelqu’un pourrait avoir le « droit » de poser pareille question !

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j'ai bien relu l'edito introductif.. si peut être certaines comparaisons peuvent paraitre excessives elles reposent pourtant sur des faits avérés.

Enoncer des faits cela s'appelle maintenant casser du grec et de hélénophobie ? Nous sommes là au centre du problème ,il est difficile pour certain grec de voir la réalité en face.Sans oublier que leur entêtement a refuser la réalité use aussi les autres européens

ils ont vécu pendant une vingtaine d'année dans une bulle financière qui a fait faire un bon en avant au pays, qui l'a fait rattraper les autres pays européens sans aucune reforme...qui a gonflé artificiellement le PIB et qui a profité plus ou moins a tous sans changer leurs habitudes grâce a cet argent facile... et maintenant certain grec s'étonne que cela est terminé ?

quand a syriza au vu de l'absence de reformes,l'on peut vraiment se poser la question est ce un parti de gauche, il y avait pourtant quelques niches d'économie qui auraient permis un accord ,en particulier du coté de l'armée,mais s'allier avec un parti de droite plutôt extrême et nationaliste a des conséquences..

une chose certaine je n'ai constaté aucun changement important digne d'un gouvernement de gauche depuis 5 mois...  le referendum d'auto satisfaction montre pourtant qu'ils peuvent agir vite s'ils le desirent..

 

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