
Des migrants participent à une manifestation, à la suite d'affrontements avec la police antiémeute près du camp de Moria pour réfugiés et migrants, lundi à Lesbos.
Tribune. Lesbos, le 26 février 2020. Appuyés par un lourd déploiement de policiers antiémeute, les bulldozers ont commencé à creuser pour créer le centre de rétention fermé destiné aux personnes qui arrivent de Turquie en Europe, sur les îles grecques. Cela a lieu en pleine offensive sur Idlib, et en pleine nouvelle «crise des réfugiés» que l'Europe laisse la Grèce régler, seule, à sa place.
Des îles grecques qui sont bel et bien l'Europe, on en a fait depuis des mois un espace de fiction : ni hors d'Europe, puisqu'on peut espérer y demander l'asile, ni dans l'Europe puisque, si l'on peut encore circuler dans l'île, on est empêché de circuler dans le pays. Le gouvernement grec veut aller plus loin : il a décidé d'enfermer les personnes, sans distinction, dans des centres fermés dont elles ne sortiront plus, ce qui les privera de toute relation avec l'extérieur. Cela porte un nom : des prisons. La prison à ciel ouvert qu'était l'île se trouve un toit, des murs. Cela enfreint bien sûr le droit international.
Les Grecs de Lesbos s'y opposent avec la dernière énergie. Eux qui ont su être si hospitaliers jusque-là, fiers de leur île et de leur...