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Chypre - ONU. Les pressions de la dernière chance de Kofi Annan

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Publié dans iNFO-GRECE le

A quoi bon demander l'adoption du Plan Annan par le Conseil de sécurité alors que celui-ci ne sera valable que s'il est adopté par les Chypriotes grecs et turques lors des référendums séparés que doivent avoir lieu samedi prochain sur l'île ? Le Secrétaire général des Nations Unies parviendra-t-il à légaliser l'autonomie de la communauté chyproturque proclamée par l'armée de Turquie lors de l'invasion de l'île en 1974 ? Déclarations et pressions diverses se sont multipliées ce week-end alors que dans les derniers sondages parus, le rejet du Plan Annan l'emporte massivement auprès des Chypriotes grecs et que son refus est majoritaire en Grèce.


A une semaine du vote, dans un sondage réalisé par l'institut Greek public opinion pour le compte du journal Le monde de l'investisseur, 70,6% des Chypriotes (grecs) se déclare contre le Plan Annan, 18,3% pour et 11,1% n'a pas d'opinion.

Dans une autre étude réalisée le 15-16 avril par l'institut VPRC et publié dans l'édition dominicale du quotidien Eleftherotypia, 65,5% des Chypriotes grecs dit NON au plan Annan, tandis que les Grecs de Grèce rejettent à 54% le plan. Le OUI récolte 28,8% des Grecs (de Grèce) et 17,2% se disent sans opinion/sans réponse.

Parmi les Grecs de Chypre, la différentiation des opinions est relativement faible entre réfugiés grecs originaires du Nord de Chypre, et les autres Chypriotes grecs. 64,5% des réfugiés sont contre le Plan Annan, ce taux étant de 66,9% au reste des Chypriotes. Le OUI récolte respectivement 21,3% et 19,8%. Les sans opinions sont 14,2% et 13,3%, selon le sondage VRPC.

Kofi Annan demande les moyens d'application de son plan pour Chypre

Dans une dernière tentative d'imposer son plan pour la création d'un nouvel Etat chypriote, le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, tentera aujourd'hui de décrocher un vote du Conseil de Sécurité verrouillant son Plan qui ne sera plus négociable.

Le SG de l'ONU, Kofi Annan, présentera un rapport au Conseil de sécurité de l'ONU demandant: 1) l'adoption du plan proposé pour le règlement de la question chypriote, 2) l'interdiction de vendre des armes à Chypre dans le cas ou les deux parties votent en faveur du plan Annan et enfin 3) la création d'une nouvelle force de pacification et sa transformation en Mission de pacification de l'ONU.

Des diplomates américains et britanniques ont laissé entendre que reste en suspens l'éventualité d'une décision du Conseil de sécurité, après la déposition du rapport du SG de l'ONU, selon laquelle l'application du règlement de la question chypriote sera placée sous le chapitre 7 de l'ONU sur la base duquel la Mission de pacification aura le droit de procéder à des opération militaires en vue d'imposer l'application de l'accord.

Dans des déclarations à l'ANA, des sources diplomatiques ont toutefois souligné qu'il est très improbable que cette décision soit adoptée par les membres du Conseil de sécurité estimant que la Turquie serait opposée à un tel développement.

Les officiels américains et britanniques ont entamé des concertations intenses en coulisse pour l'adoption des propositions du SG de l'ONU en vue d'exclure l'éventualité d'une renégociation du plan Annan, alors que la Russie, la France, et la Chine, ainsi que certains membres non permanents du Conseil de sécurité se déclarent opposés à l'adoption de cette demande formulée par le SG de l'ONU.

Tassos Papadopoulos: Les assurances du Conseil de sécurité de l'ONU ne sont pas suffisantes

Le Président de la République chypriote, Tassos Papadopoulos, dans une interview accordée au journal Ethnos tis Kyriakis, se déclare "en paix avec sa conscience", observant que "si le NON est une erreur, je pense qu'il se présentera des occasions pour procéder à certaines réparations, toutefois, si le OUI est une erreur, celle-ci sera irréversible". "Personnellement, je n'ai aucun doute, je suis en paix avec ma conscience", affirme-t-il.

M. Papadiopoulos s'est dit, par ailleurs, satisfait de la déclaration du Premier ministre, Costas Karamanlis, "déclarent savoir, ou soupçonner, les pressions qui ont été exercées pour qu'il se trouve dans la situation de prendre position clairement en faveur du plan Annan", tandis qu'en ce qui concerne la décision du président du PASOK, Georgios Papandreou, en faveur du plan Annan, il a déclare ne vouloir retenir que la phrase "la Grèce sera toujours aux cotes de Chypre quelle que soit sa décision".

Concluant M. Papadopoulos a dit ne pas être convaincu qu'il "suffise d'une assurance de la présidence du Conseil de sécurité de l'ONU pour garantir l'application du plan Annan".

Colin Powell : cette solution ou aucune solution

Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a affirmé -dans une interview accordée au journal Vima tis Kyriakis- que Washington garantira la sécurité d'une Chypre unie.

Selon M. Powell, "Les Chypriotes doivent savoir que nous sommes pleinement engagés dans l'application entière et à temps du règlement de l'ONU. Ni nous, ni l'UE, ni le Conseil de sécurité ne laisserons aucune partie faire marche arrière sans remplir ses engagements, y compris sur les questions de sécurité. Nous ne voulons pas et il n'y aura pas un retour aux événements violents de 1974, ou de 1967 ni de 1963".

"Le choix des Chypriotes est entre cette solution et aucune solution", a rappelé M. Powell, "entre la paix et la coopération au sein de l'Europe ou la poursuite de la partition de l'île".

Molyviatis : il n'existe pas de dernières chances

Le ministre grec des Affaires étrangères, Petros Molyviatis, a estimé dimanche qu'en cas de rejet du plan Annan à l'occasion du referendum du 24 avril a Chypre, "il y aura une autre occasion et possibilité de résoudre le problème chypriote". "Personnellement, je ne veux pas croire aux dernières chances, la vie continue et offre toujours des possibilités et des opportunités. […] Le besoin d'aboutir à une solution se représentera, car une solution du problème politique de Chypre serait bénéfique pour tous, l'UE, l'ONU et la Turquie elle-même", a-t-il précisé. M. Molyviatis a encore rappelé que même dans le cas d'un "NON" au plan Annan, Chypre adhérera globalement le 1er mai à l'UE "à la différence que sera reportée l'application de l'acquis communautaire sur les territoires du nord de Chypre".

Le ministre irlandais charge des affaires européennes confirme que Chypre sera un membre à part entière de l'UE à partir du 1er mai

"Chypre sera membre a part entière de l'UE à partir du 1er mai", a déclaré le ministre irlandais chargé des affaires européennes, Dick Roche excluant, dans une interview accordée samedi à l'agence de presse turque Anadolu, l'éventualité d'un report de l'adhésion de Chypre à l'UE dans le cas d'un "NON" des Chypriotes grecs au referendum du 24 avril. M. Roche a également désapprouvé "l'exercice de toute pression sur les Chypriotes grecs afin qu'ils votent en faveur du plan Annan", rappelant que "l'Irlande sait très bien que les pressions ont un très mauvais impact sur les citoyens".

i-GR/ANA/CNA/UN

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