Colloque Manos Hadjidakis : musique, culture et politique

À l’occasion du centenaire de sa naissance, ce colloque propose d’aborder l’œuvre musicale de Hadjidakis dans son contexte. Il s’agira d’analyser la relation du langage musical de ce compositeur protéiforme avec ses contemporains et dans ses filiations, le rapport à la poésie, à la danse, au cinéma et aux musiques populaires et traditionnelles. Nous tenons également à évaluer la dimension politique et sociétale de Hadjidakis : son implication dans les politiques culturelles en Grèce (comme directeur de la troisième chaîne de la Radio nationale, la création de concours musicaux, des structures de production, d’orchestre), la façon dont il a incarné le politique dans l’art et dans la parole publique (contre l’extrême droite, le populisme ou dans la défense de son identité sexuelle). 

La rencontre combinera musicologie, études néohelléniques et études culturelles et sera assortie de performances et projections. Elle croisera musique, histoire et société, en confrontant aussi les propres mots de Hadjidakis (interviews, discours, essais et poèmes) et les témoignages de ses contemporains et collaborateurs. Pour cette très rare – si ce n’est la première – manifestation scientifique en France sur ce compositeur très singulier, ce sera enfin l’occasion d’évaluer comment et dans quelle mesure Hadjidakis a-t-il « réinventé » la musique grecque, d’analyser en quoi son oeuvre est-elle à la fois populaire et avant-gardiste, et de réfléchir sur sa postérité aujourd'hui.

Manos Hadjidakis (1925-1994) est un compositeur, poète et figure culturelle et intellectuelle qui a fortement marqué la Grèce du XXe siècle. Il a posé son empreinte sur la musique de son temps en mêlant styles traditionnels et populaires, rébétiko, jazz et musiques classiques et contemporaines, tout en s’ouvrant aux influences internationales de son temps. Compositeur prolifique et original, Hadjidakis est l’auteur de chansons d’une immense popularité, et a également composé pour la scène (à Broadway, pour la danse, notamment avec Maurice Béjart, et pour le théâtre antique, comme pour Les oiseaux ou Les Nuées d’Aristophane), pour le cinéma (qui lui a aussi valu un Oscar de la meilleure chanson en 1961 pour le film Jamais le dimanche de Jules Dassin, chantée par Melina Merkouri) et la radio, pour piano seul et pour ensembles.

Colloque organisé par Théodora Psychoyou (Sorbonne Université – IReMus) et Dimitris Papanikolaou (University of Oxford).