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Papandréou appelle le peuple grec à se mobiliser dans la voie du changement

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Par iNFO-GRECE ,

C'est en recourant à un vocabulaire pathétique, voire messianique, que le premier ministre, Georges Papandréou, a appelé le peuple grec à se mobiliser dans la voie d'un changement "visionnaire, réaliste" et tout à la fois "évident" pour réussir à surmonter la crise qui malmène la société grecque à tous les niveaux, en présentant vendredi après-midi son programme de gouvernement à l'assemblée plénière du Parlement.

La séance au Parlement, qui aura duré trois jours, doit se clôturer dimanche soir à minuit par un vote nominal de confiance au gouvernement.

M. Papandréou, qui a souligné que le coup d'envoi de cette nouvelle marche a déjà été donné par les initiatives engagées d'ores et déjà par le nouveau gouvernement, a informé que le gouvernement a trouvé à son arrivée au pouvoir une économie en situation d'urgence, semblable à celle héritée en 1993 (du gouvernement de la ND de l'ancien premier ministre, Constantin Mitsotakis, par le PASOK), avec de "grandes dettes et dépenses cachées", "un déficit sans précédent de compétitivité et des caisses de sécurité sociale en situation d'indigence".

"Les finances publiques, toutefois, ne sont pas la cause de la situation actuelle", a poursuivi M. Papandréou, "mais un des graves symptômes de la crise de gouvernance - le déficit qui a conduit à la dépréciation de tout", pour enchaîner dûment sur les initiatives du nouveau gouvernement pour lever justement la crise des relations de l'Etat avec le citoyen, afin de "co-aménager les consensus pour un accord social national sur les grands changements".

Dès l'ouverture de son discours, M. Papandréou a clarifié qu'il soutiendra la candidature de l'actuel président de la République, Carolos Papoulias, pour un nouveau mandat successif, en anticipant le vote positif de la ND en mars prochain (au Parlement), conformément aux engagements pré-électoraux de l'ex-premier ministre, Costas Caramanlis.

M. Papandréou a pris l'engagement d'adopter "toute proposition de l'opposition, qui conduira au renforcement de la transparence, d'où qu'elle vienne", tout comme d'honorer ses propositions pour l'administration publique, en particulier de réaliser "des embauches par l'ASEP (Conseil suprême de recrutement du personnel) et seulement par l'ASEP, par le biais d'un concours annuel pour le recrutement de tous les cadres permanents de la fonction publique.

Passant au plan de la politique salariale, M. Papandréou a annoncé l'octroi d'une allocation extraordinaire de solidarité aux petits revenus, une augmentation rétroactive aux retraites agricoles (OGA) à hauteur de 30 euros dès le 1er octobre 2009, des augmentations supérieures à l'inflation en 2010 pour les salaires et retraites avec dans le même temps le gel des tarifs des DEKO (entreprises d'utilité publique).

De plus, le premier ministre a annoncé le vote au Parlement, dans les 100 premiers jours de gouvernement, d'un projet de loi de protection des emprunteurs contre les pratiques abusives des banques, alors que sont programmées des initiatives législatives pour changer le mode de fonctionnement du système TEIRESIAS (liste rouge des mauvais payeurs), ainsi que la simplification des formalités pour la création de nouvelles entreprises.

Le gouvernement procèdera également à l'augmentation à 4% du PIB du programme d'investissements publics, dans le but à terme, à la fin du mandat de quatre ans, de le porter à 5% du PIB, M. Papandréou avertissant néanmoins à ce point que cette stimulation n'aura aucun impact si elle n'est pas accompagné d'un redressement des finances publiques qui se trouvent, a-t-il déploré, "dans un déraillement sans précédent".

De ce fait, le premier souci du gouvernement sera de faire un inventaire objectif avec l'assistance du Service de la Statistique qui "deviendra vraiment indépendant", alors que suivra dans la foulée la répression de l'évasion fiscale, le contrôle sévère des finances et, enfin, un nouveau projet de loi fiscal qui sera déposé dans les trois prochains mois, avec comme éléments fondamentaux une "grille fiscale unique, progressive, juste et indexée sur l'inflation pour tous les revenus provenant du travail ou des dividendes", une faible fiscalité sur les bénéfices non redistribués des entreprises, "la suppression des dispositions privilégiées favorisant les grands actonnaires", l'imposition progressive des fortunes immobilières et des héritages, l'imposition des biens de l'Eglise et de ses activités entreprenariale, ainsi que les biens immobiliers des sociétés off shore.

Concernant le processus de production du pays, M. Papandréou a souligné qu'il reposera sur la "croissance verte", soutenue par les décisions qui seront prise concernant le changement climatique au niveau mondial, ainsi que l'évolution du secteur du tourisme, citant à titre indicatif le tournant vers les sources renouvelables d'énergie et la mise en valeur énergétique des îlots de l'Egée, pour poursuivre au plan environnemental qu'il n'y aura aucune tolérance face à l'empiètement des régions forestières brûlées.

M. Papandréou s'est engagé à déposer au Parlement le nouveau plan énergétique national jusqu'à la fin décembre, alors qu'il a placé haut la barre en citant l'objectif de 20% de l'énergie provenant des sources renouvelables en 2020.

La croissance verte sera aussi le vecteur du développement rural, avec le changement des cultures et le tournant à l'agriculture qualitative et biologique.

Papandréou: Bon fonctionnement du système de santé et de retraites

Le premier ministre, Georges Papandréou, a posé comme condition sine qua non pour que "le citoyen soit créatif", l'impératif de "donner de la valeur au bien que constituent la sécurité et la sûreté", renvoyant ainsi à la nécessité de renflouer les caisses de sécurité sociale, de combattre drastiquement les pertes de cotisations, mais aussi un Système national de santé (ESY) "à caractère public, des prestations gratuites de haut niveau, accessible à tous, avec transparence et responsabilité, mais aussi l'instauration d'une carte électronique de santé et un dossier électronique de maladie pour chaque patient relié à un système informatisé centralisé, l'embauche de personnel à concurrence de 3.000 par an, l'établissement de la liste de médicaments, l'augmentation de 1% du PIB du financement public à l'ESY dans l'intervalle du premier mandat du gouvernement couplée à la lutte drastique contre les gaspillages et la corruption.

M. Papandréou s'est aussi engagé à ce que les retraites soient versées dans un délai de 3 mois aux titulaires d'ici la fin 2010, tout comme le lancement "d'une politique agressive pour la protection des travailleurs, en réprimant les pratiques abusives de réduction de l'emploi sous prétexte de la crise, la révision radicale du régime de "location" des travailleurs, le renforcement du Corps des inspecteurs du travail, la suppression des dits stages dans la fonction publique.

M. Papandréou a également annoncé le rehaussement progressif de l'allocation chômage à 70% du salaire de base, le lien des incitations de la loi de développement avec la création d'emplois, alors qu'il est revenu sur une ancienne proposition d'un "programme généreux de subventionnement des cotisations sociales des jeunes travailleurs sur quatre ans".

Abordant la question de la Justice, M. Papandréou a promis de changer le mode de sélection des directions des grands tribunaux du pays - avec implication dans ce choix des députés -, et de supprimer toute restriction dans l'auto-administration des magistrats et aussi d'accélérer les procédures judiciaires, ce dernier point étant, a-t-il dit, une question de démocratie.

La qualité de la démocratie est un point sur lequel le premier ministre insiste, et c'est en ce sens que M. Papandréou a annoncé une nouvelle loi électorale qui, a-t-il souligné, reverra la question des circonscriptions électorales "démesurées", réduira considérablement les dépenses électorales et "portera un coup dur à l'argent noir du politique".

Au plan des changements dans la police, le chef du gouvernement a soutenu reprendre à partir du début la mission des forces de sécurité, qui devront protéger mais aussi respecter le citoyen, expliquant qu'il mettrait fin aux gestions partisanes, mais aussi aux policiers-"aides ménagers", comme il a appelé les fonctionnaires servant de gardes du corps, pour citer en exemple à titre de ses résolutions, la réduction quasiment de moitié des policiers de service auprès des ministres et autres officiels ou personnalités.

D'autre part, le premier ministre s'est engagé à "prendre des mesures radicales contre la violence policière", parlant de non-indulgence dans des cas d'abus de pouvoir, mais de récompense pour les policiers effectuant leur service comme attendu.

"Nous mettons un terme, a ajouté M. Papandréou, à l'approche policière de l'immigration, une tendance héritée de la ND, avec une réforme du cadre de fonctionnement du droit d'asile et d'accueil des migrants". Par ailleurs, a relevé M. Papandréou, la Grèce adopte l'initiative de l'UE pour étendre la responsabilité assumée de manière égale par tous les Etats-membres dans la question de la surveillance des frontières, mais aussi de stopper les expulsions d'immigrés de 2e génération, avant d'avoir rationaliser totalement le régime d'obtention de la citoyenneté grecque.

Comme il s'y était engagé dans l'opposition et en période pré-électorale, le premier ministre a annoncé un milliard d'euros dans le premier budget consacré à l'éducation, "malgré la situation financière extrêmement difficile", présentant certaines de ses réformes que seront notamment 2 années de pré-scolarité pour tous, des cours toute la journée dans toutes les écoles de Grèce, un nouveau mode d'entrée dans l'enseignement supérieur, sans pression et sans que cela coûte cher aux élèves et à leurs familles, un enseignement spécial pour les enfants handicapés, l'introduction d'un nouveau système de note.

Papandréou: Le règlement de la question chypriote est une priorité majeure

Au chapitre de la politique étrangère, M. Papandréou a souligné que la Grèce est désormais présente dans les concertations sur toutes les grandes questions mondiales, alors que sa priorité majeure est la recherche d'une solution au problème chypriote avec l'entier soutien des initiatives du président chypriote, Dimitris Christofias.

"La Grèce se tient de nouveau aux côtés de Chypre, pas seulement en paroles mais en actes", a-t-il lancé.

Le principe du bon voisinage représente une condition indispensable pour la promotion de l'orientation européenne de la FYROM, a affirmé en outre le premier ministre, soulignant que "le gouvernement est attaché au règlement de la question de l'appellation dans le cadre de la recherche d'une appellation acceptée mutuellement qui sera en vigueur à tous les niveaux".

"L'heure est à présent venue pour le gouvernement de la FYROM de prouver dans les actes qu'elle observe une attitude constructive", a-t-il dit, avant de passer aux relations de la Grèce avec la Turquie et de saluer les efforts du pays voisin pour son adhésion à l'UE. "Toutefois, dans ce cas, il faut mettre l'accent sur la condition indispensable et incontournable d'une harmonisation avec l'acquis communautaire, du respect du droit international et du règlement de la question chypriote".

Le premier ministre a encore averti que toute action tournée contre l'intégrité territoriale d'un Etat-membre de l'UE, non seulement constitue une violation du droit international et l'obligation de relations de bon voisinage, mais encore vient annuler la dynamique de la coopération étroite que nous visons pour nos pays.

i-GR/ANA-MPA

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