
Pour son festival Pulsations, à Bordeaux, Raphaël Pichon a choisi de monter cette œuvre visionnaire dans une ancienne usine et non à l’Opéra. Un choix judicieux.
Salzbourg, 2023 : tout le monde est fasciné par la redécouverte de La Passion grecque, de Bohuslav Martinu. Cette année-là, un certain Raphaël Pichon est à Salzbourg pour diriger Mozart. On serait prêt à parier que c’est à cette occasion que l’idée a germé en lui de monter à son tour cette œuvre visionnaire. Et de le faire dans le cadre de Pulsations, le festival que le chef français a fondé à Bordeaux et qui a lieu tous les deux ans pour présenter la quintessence du travail de l’Ensemble Pygmalion, projet musical autant que citoyen.
Créé en 1961, cet opéra kaléidoscopique est tiré du roman Le Christ recrucifié, de Nikos Kazantzakis. Un village grec organise une reconstitution théâtrale de la Passion du Christ avec les villageois pour acteurs. Ils sont interrompus par l’arrivée de réfugiés d’Anatolie chassés par les Turcs. Hostiles à leurs coreligionnaires, les bons chrétiens s’opposent à l’installation des demandeurs d’asile qu’ils perçoivent comme un danger. Sujet d’une saisissante…