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« C’est une question de reconnaissance de notre identité et de nos racines » : en Grèce, la citoyenneté retrouvée des « enfants perdus du pays »

Publié dans Le Monde le
Mary Cardaras, à Athènes, le 5 mai 2025. LOUIZA VRADI POUR M LE MAGAZINE DU MONDE
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Mary Cardaras, à Athènes, le 5 mai 2025. LOUIZA VRADI POUR M LE MAGAZINE DU MONDE

A l’image de Mary Cardaras, 70 ans, ils sont quelque 4 000 Grecs adoptés pendant la guerre froide – principalement aux Etats-Unis – à pouvoir obtenir désormais la nationalité de leur pays natal. Une première étape dans la quête de leurs racines.

De ce jour de juin 2023, où Mary Cardaras a obtenu pour la première fois de l'administration grecque des informations concernant son adoption actée soixante-huit ans plus tôt, elle a gardé des souvenirs précis. La chaleur des rues d'Athènes, où elle est née, peu avant de partir dans une famille gréco-américaine de la banlieue de Chicago, la vétusté du bâtiment et la silhouette ronde de l'agent administratif qui l'a reçue. Et puis ce dossier, « sorti d'une enveloppe en lambeaux, rongée par le temps », se souvient-elle.

Le nom de son père biologique y est mentionné « de nombreuses fois », note l'agent, qui refuse néanmoins de le lui dévoiler. Cette information cruciale laisse pourtant transparaître la possibilité qu'elle n'est finalement pas née d'un viol - un cas courant chez les adoptés grecs. « Pour la première fois de ma vie, je me suis dit : "Qui sait, peut-être mes parents étaient-ils amoureux" », confie-t-elle.

Mary Cardaras fait partie des quelques milliers d'enfants grecs adoptés par des parents étrangers pendant les années de…