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Jim Morrison, Dionysos et le pouvoir magique des lettres grecques

Published in Le Point on
La tombe de Jim Morrison, au cimetière du Père-Lachaise, porte l'inscription en grec ancien : « Kata ton daimona eaytoy ». © Fabio Mazzarella/Sintesi/SIPA
Légende

La tombe de Jim Morrison, au cimetière du Père-Lachaise, porte l'inscription en grec ancien : « Kata ton daimona eaytoy ». © Fabio Mazzarella/Sintesi/SIPA

LA MINUTE ANTIQUE. Les Belles Lettres publient Graver pour l'eternite. La Grece au fil des ecritures >>, une initiation a l'epigraphie, l'art de dechiffrer les inscriptions gravees.

Saviez-vous qu'au cimetière du Père-Lachaise, la célébrissime tombe de Jim Morrison, le leader des Doors, porte une inscription en grec ancien ? « Kata ton daimona eaytoy », y lit-on, soit « Fidèle à son propre démon ». Démon au sens grec, précisons, à savoir une sorte de « guide personnel ». Pour l'artiste, en l'occurrence, il s'agissait de la divinité du vin, Dionysos, que le chanteur de « Light My Fire », qui ne buvait pas que de l'eau, révérait. Par une heureuse coïncidence, la découverte de la plus ancienne inscription en langue grecque s'est aussi faite sous le signe de l'ivresse puisque retrouvée à Athènes en 1871… sur une cruche à vin. Autant d'histoires rappelées par Caroline Fourgeaud-Laville et François Lefèvre dans Graver pour l'éternité. La Grèce au fil des écritures (Les Belles Lettres, 320 p., 14,90 €), qui invite les lecteurs à faire leurs premiers pas dans l'épigraphie, cet art de déchiffrer les inscriptions gravées que les anciens nous ont laissées.

Pédagogique et joliment illustré, ce livre propose une initiation à travers 27 inscriptions réelles, d'une coupe à boire (décidément !) du VIIIe siècle avant notre ère à une stèle du IIe siècle de la nôtre concernant l'empereur philhellène Hadrien et retrouvée à Delphes, quasi intacte. Soudain, la mélancolie nous étreint : qui sommes-nous, pour confier notre précieuse mémoire à de bien vulnérables serveurs ? 

La tombe de Jim Morrison, au cimetière du Père-Lachaise, portel'inscription en grec ancien : « Kata ton daimona eaytoy ». © Fabio Mazzarella/Sintesi/SIPA