monastiraki
La semaine sainte orthodoxe s'annonce sous le signe de la générosité envers les musulmans d'Athènes. Tour à tour l'archevêque d'Athènes et Primat de Grèce, Mgr Christodoulos, a annoncé la cession d'un terrain pour la création d'un cimetière musulman près du Pirée, tandis que le ministre des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, évoquant des raisons diplomatiques, a demandé au gouvernement grec de mettre fin au suspens de la construction d'une mosquée à Athènes.
Par ailleurs, Mme Bakoyannis a adressé une lettre de remerciements à l'archevêque d'Athènes et primat de Grèce, Mgr Christodoulos, pour la décision du Saint Synode de faire don d'un terrain de 3 ha dans la région de Schistos (près du Pirée) pour la création d'un cimetière musulman et aussi pour la condamnation des caricatures du prophète Mahomet.
Dans sa lettre, Mme Bakoyannis souligne entre autres que la décision du Saint Synode au sujet du cimetière musulman contribuera de façon décisive au règlement d'une question humanitaire et prouve ainsi l'intérêt de l'Eglise pour nos frères musulmans, ajoutant en outre avoir donné d'ores et déjà les instructions nécessaires aux directions responsables du ministère pour l'information des autorités diplomatiques des pays musulmans quant à la teneur de la lettre.
Pour sa part, le ministre a demandé au gouvernement d'accélérer la construction de la mosquée d'Athènes, dont la localisation fait couler beaucoup d'encre.
Le projet initial du ministère des Affaires étrangères pour un Centre culturel islamique aurait été abandonné au profit d'une véritable mosquée comme réclamée par les pays arabes et la Turquie. Toutefois, le financement serait assuré intégralement par l'Etat grec, sans que l'on sache pour le moment si des compléments seraient apportés par un consortium arabe.
L'hypothèse aussi soutenue par Mme Bakoyannis au temps où elle était maire d'Athènes, celle de la restauration de l'ancienne mosquée de Monastiraki, actuellement Musée de la Céramique, a été écartée.
Des nombreuses voix s'étaient élevées contre ce projet qui poserait un lieu de culte musulman aux pieds de l'Acropole avec toutes les questions sécuritaires dans ce quartier populaire et très fréquenté par les touristes l'été. Outre les questions de sécurité et d'image, la sensibilité historique d'une mosquée construite au milieu du 18e avec les matériaux provenant du temple voisin de Zeus et la mémoire d'une Sainte Sophie à Istanbul ont eu raison de cette localisation. Enfin, la capacité de l'ancienne mosquée à accueillir un nombre en croissance continue de musulmans à Athènes était limitée.
Les Athéniens ont ainsi évité de peu d'avoir une mosquée entre l'Acropole et les colonnes d'Hadrien dont l'étroitesse ferait que les musulmans prieraient en pleine place de Monastiraki pour le plus grand plaisir des visiteurs qui immortaliseraient la scène insolite dans leurs portables photographiques avant que les images transmises en MMS ne délectent le monde entier.
D'après des sources généralement bien informées, le terrain retenu serait situé à Elaionas (l'Oliveraie), une région non loin du centre d'Athènes, qui n'a plus aujourd'hui de l'oliveraie que le nom et qui est une zone industrielle tombée en décrépitude depuis 15 ans. Un décret présidentiel prévoyait la restauration des lieux en parc vert, dernière occasion de rééquilibrer "la capitale de béton", mais le projet n'a jamais été matérialisé faute de crédits et des difficultés d'expropriation. En lieu et place, un projet de reconstruction commerciale a vu le jour incluant le centre sportif de Panathinaïkos. La cohabitation entre les supporters de la première équipe de foot de la capitale grecque et des fidèles de l'Islam ne va pas forcement de soi, mais tant que les matchs se déroulent le samedi et que la prière à Allah de vendredi, tout devrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes.
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