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série de 6 articles cette semaine dans le monde

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Bonjour
le monde consacre 6 articles , un par jour sur la Grèce. extrait du N°1 sur la fonction publique.
Pour se faire une idée , il y a bien sur " à prendre et à laisser"

Panagiotis Karkatsoulis, fonctionnaire grec, travaille à la réforme du système administratif de la Grèce, fondé sur le clientélisme politique. Il compile sur son ordinateur toutes les données de l'administration grecque. Il est l'un des meilleurs connaisseurs de ce maquis impénétrable. Au début de l'année, il a reçu le Prix international de la société américaine pour l'administration publique, qui récompense des fonctionnaires ou des chercheurs qui font avancer la fonction publique.
Il montre l'un de ses graphiques préférés, celui qu'il appelle le " macaroni ", consacré à la coordination des politiques publiques. " On a essayé de représenter qui donne des ordres à qui, en compilant les attributions de chaque ministre ", explique M. Karkatsoulis. En partant du premier ministre jusqu'aux principaux ministères, le schéma montre, par des flèches de couleur, la chaîne de commande et les relations entre les différents ministères. Le résultat ressemble effectivement à un plat de spaghettis... à la grecque. " Comment peut-on gouverner avec ça ? ", s'interroge Panagiotis Karkatsoulis
Il pointe d'autres absurdités du système administratif grec. Les deux tiers des mesures sont prises par décrets ministériels (et seulement 2 % par des lois). Ces décrets sont parfois contradictoires, sans qu'aucune structure de supervision ne les coordonne.
Le surcoût généré par l'administration est estimé à 14 milliards d'euros.
Un ministre lui avait demandé de recenser les structures sans raison d'être, au sein de l'administration.
Aujourd'hui, 20 % des structures de l'administration n'ont pas d'employés, c'est-à-dire qu'elles sont composées uniquement d'un cadre avec un titre et une prime pour se diriger lui-même ; 57 % ont 3 employés ou moins. " C'est le propre des systèmes clientélistes. La fonction sert à récompenser un affilié politique "
M. Karkatsoulis compte sur les doigts d'une seule main les ministres réformateurs qu'il a vu passer, depuis vingt ans. Il raconte avec verve comment ils ont rapidement été promis à d'autres fonctions.
Il faut attendre l'arrivée de la " troïka " en 2010 pour voir repartir le train des réformes, mais dans la douleur. Ces dernières sont associées aux très impopulaires mesures de rigueur.
La coopération avec le ministère de la réforme administrative est parfois difficile. " C'est faux de dire que la Grèce n'a rien fait, explique Georges Pagoulatos, ancien conseiller du premier ministre Lucas Papadémos. Nous avons strictement contrôlé l'avancée des réformes prévues dans le Mémorandum. Plus de 70 % ont été réalisées. "
Tout est suspendu aux élections du 17 juin. La coalition de la gauche radicale a promis d'en finir avec le clientélisme des deux partis. [b]Mais le Syriza est devenu le premier parti des fonctionnaires, y compris des moins réformistes qui ont déserté le Pasok[/b]

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Soumis par tintin (non vérifié) le

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bonsoir
deuxiéme article (extrait) Comment la Grèce a vu ses usines disparaître une à une,
Un appareil productif en panne de compétitivité, des investissements trop faibles... Histoire d'un inexorable déclin

Theodore Leventakis, grand gaillard volubile de 54 ans, est un as de la débrouille, parfaitement à l'aise dans le dédale administratif et fiscal de la Grèce qui exaspère tant ses homologues. " Crise ou pas, en Grèce les affaires sont difficiles ", philosophe-t-il. Mais malgré son optimisme indéfectible, aujourd'hui, Theodore est amer.
Au début des années 1980, il était à la tête d'une fabrique de textile de 1 200 personnes, raconte-t-il avec nostalgie. Basée à Metamorfosi, une zone industrielle à quelques kilomètres d'Athènes, sa société, Leventakis textile, fabriquait toutes sortes de vêtements à partir de coton récolté notamment dans le sud du Péloponnèse, destinés à l'exportation.
Aujourd'hui, M. Leventakis est le patron de 25 personnes. Pas une de plus. Il a expatrié son usine en Ouzbékistan au milieu des années 1990.
Son frère Georges a repris la gestion de Leventakis textile à distance, avant que la famille ne décide de tout vendre en 2001.L'industrie du textile est morte en Grèce. "
Le pays a perdu ses usines. En Grèce, maintenant, tout est importé. " Même les tomates viennent d'Egypte "

Résultat, en dix ans, la production de textile grecque, jadis florissante, a plongé de 55 % selon l'Elstat, l'institut de statistiques hellénique. En 2000, le secteur employait 28 715 personnes. Ils n'étaient plus que 17 600 en 2010. Le textile n'est pas le seul à avoir décliné. L'agriculture a subi un sort comparable avec une production en chute de 18,6 % sur la période, selon la Fondation pour la recherche économique et industrielle (IOBE).
Pour les remplacer ? Les services, dopés par le développement du tourisme et la libéralisation de la finance et des télécommunications. En une décennie, la part du tertiaire a grossi de... 83 %. Mais " les services sont faits pour accompagner l'industrie pas pour s'y substituer ! ", rappelle Michalis Vasileiadis, économiste à l'IOBE.

Aux racines du mal ? L'Europe, accusent les uns, la Grèce, répondent les autres. La vérité est sans doute entre les deux. Lors de son entrée dans l'Union européenne puis dans la zone euro, le pays a dû ouvrir ses frontières, respecter les quotas dans l'agriculture, le textile... La Grèce, pays encore très agricole et peu innovant, n'était tout simplement pas prête à affronter ces bouleversements.
D'autant qu'avec l'adoption de l'euro, le coût du travail a dérapé, augmentant bien plus vite que son économie. Le coût horaire de la main-d'oeuvre, en tenant compte des gains de productivité, est passé de 10 euros en 1999 à 15,56 euros en 2011, selon les données de Natixis. Dans le même temps, en Allemagne, il n'augmentait que de 2 euros

" La Grèce a souffert d'un problème assez général à l'Europe du Sud, explique Laurence Boone, économiste chez Bank of America Merrill Lynch. L'entrée dans l'euro a provoqué une bulle de crédit. L'illusion de croissance liée à cet afflux d'argent a occulté la disparition progressive de l'industrie dans plusieurs pays d'Europe.

Voilà pour les responsabilités de l'Europe. Mais le pays a aussi " fauté ". Avec ces facilités de crédits, les entrepreneurs auraient pu investir dans de nouvelles machines ou dans la recherche. Or l'agriculture ne s'est jamais modernisée. L'industrie non plus.
En 2007, les dépenses de recherche et développement (R & D) représentaient 0,6 % du PIB, soit trois fois moins que la moyenne de la zone euro (entre 1,88 % et 1,85 %), souligne M. Vassiliadis, économiste à l'IOBE

Le système n'a révolté personne, car tout le monde en a profité. L'Etat faisait même vivre des micro-entreprises. Ainsi de Georges Tselepis. Sa petite société d'outillage et de machines de construction faisait 35 % de son chiffre d'affaires avec des sociétés publiques. Aujourd'hui, il déchante. L'Etat, en faillite, ne paie plus depuis trois ans. Il lui doit 250 000 euros.
http://www.lemonde.fr/journalelectroniq…

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Ces 3 premiers articles sur la Grèce auraient pus être écrits sur bien des pays de l’Europe tant les problémes sont communs , mais peut être plus présents actuellement en Grèce du fait des circonstances et de la récession

La grande détresse des migrants pris au piège de Patras(extrait)

http://www.lemonde.fr/journalelectroniq…
Harcelés, victimes d'agressions, les réfugiés tentent de survivre en marge d'un pays incapable de les prendre en charge
L'un traîne la patte, enflée et bleuie. L'autre montre son poignet démis et se lamente : " Comment je vais pouvoir travailler quand je serai en Europe ? " Le troisième se cache, en bonne santé mais apeuré. Tous trois ont été attaqués il y a moins d'une semaine par " les racistes ", des hommes en civil qu'ils sont incapables d'identifier, alors qu'ils revenaient de leur énième tentative de s'infiltrer sur le port de Patras, la troisième ville de Grèce, pour s'embarquer à bord d'un navire en partance pour l'Italie - l'Europe.

Le 19 mai, à 200 mètres de là, au cours d'une bagarre, un migrant afghan a poignardé à mort un jeune Grec. Trois nuits durant, l'usine a été prise d'assaut par des habitants en colère, rejoints par 300 jeunes casqués et armés de barres de fer, amenés par bus entiers, militants d'Aube dorée, le parti néonazi entré au Parlement lors des élections du 6 mai. La police s'est interposée, chaque camp a ramassé ses blessés. Puis les policiers sont revenus, pour mettre les migrants dehors.
Depuis, les quelques milliers de migrants en transit à Patras se terrent, chassés du centre par des agressions récurrentes et l'hostilité ambiante. " Avant, c'est nous qui avions peur, à leur tour de raser les murs ", se réjouit Kostas, vendeur de fruits et légumes. Aube dorée est arrivé en ville il y a quatre mois, prenant ses quartiers rue de l'Allemagne. Depuis que le bureau a été mis à sac par des militants anarchistes, en mars, sa porte blindée reste le plus souvent close.
" Des dizaines de personnes ont immédiatement rallié le parti ou d'autres groupes racistes, comme s'ils n'attendaient que cela ", témoigne Harry, de Praxis, association d'aide aux migrants mineurs. L'association, comme les trois autres que compte la ville, a dû suspendre ses activités après les incidents : les travailleurs sociaux, menacés, ne partent plus à la recherche des migrants, et ceux-ci limitent leurs déplacements.

Pour retrouver la trace des Afghans, il faut sortir de la ville, s'enfoncer dans les hautes broussailles qui recouvrent les dunes du golfe de Corinthe. Là, une trentaine d'adolescents, affalés à l'ombre d'une bâche dans un bâtiment au toit éventré. La moitié sont venus après l'expulsion de Piraiki Patraiki. Abdullah, 17 ans, ferait presque figure de doyen : il est arrivé en Grèce il y a sept ans avec son grand frère, parti depuis pour la Suède. Les deux ont dû débourser 4 000 euros pour faire le voyage depuis Kaboul et traverser l'Evros, fleuve qui marque la frontière entre la Grèce et la Turquie.

57 000 personnes ont été interceptées en 2011 par la police grecque et la mission européenne Frontex le long de cette frontière naturelle longue de 200 kilomètres. Depuis que l'Italie et l'Espagne ont durci leurs contrôles, Frontex estime que 90 % des immigrants illégaux entrant dans l'Union européenne transitent par la Grèce. Patras est en quelque sorte l'autre extrémité de l'entonnoir : ses ferries partant quotidiennement pour l'Italie en font l'une des principales portes de sortie du pays.

l'approche des élections du 17 juin, la municipalité a voulu faire le ménage. Des centaines de migrants ont été interpellés et envoyés aux quatre coins du pays. C'est le cas d'Ahmad, 19 ans, embarqué dix jours auparavant dans un bus direction Athènes. Il est revenu à pied. De sources concordantes, de nombreux bus ne vont pas jusqu'à la capitale : les immigrés sont lâchés en pleine nature, délestés de leur argent et de leur téléphone. Ces mêmes sources évoquent des passages à tabac. " Lorsque l'on va au commissariat déposer des demandes d'asile, il nous arrive de croiser des migrants aux visages abîmés, indique Katerina Skilakou, de l'Institut régional des migrations. Mais on ne peut pas savoir ce qui leur est arrivé. "
" Je croyais qu'en Europe les hommes respectaient les hommes ", dit simplement Abbas, 23 ans, pendant qu'Abdullah, attaqué deux semaines auparavant,

il a trouvé un emploi dans la construction : 23 euros par jour, pour deux ou trois jours de travail par semaine.
Il y a un an, il a réussi à rejoindre Ancône, caché dans un camion frigorifique. " Arrivé dans le port italien, l'oxygène m'a manqué. J'ai frappé contre les parois, pensant que j'allais mourir. " Les policiers italiens l'ont sorti de là puis renvoyé en Grèce, en vertu des accords de Dublin II, dispositif qui rend responsable de son sort l'Etat membre par lequel un demandeur d'asile a pénétré dans l'Union.

Devant les manquements d'Athènes, qui dispose d'un seul centre de rétention, et à la suite de condamnations de la Cour européenne des droits de l'homme, plusieurs pays européens ont cessé de renvoyer les migrants.
La Grèce se révèle incapable de prendre en charge les quelque 400 000 illégaux qui vivent sur son sol - en plus du million d'immigrés légaux, pour une population de 11 millions d'habitants.

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L'île de Zante, le royaume des aveugles introuvables

http://www.lemonde.fr/journalelectroniq…

En révélant que la " Fleur du Levant " comptait neuf fois plus de malvoyants que la normale, le maire de Zante a mis en lumière un système institutionnalisé de corruption, illustrant l'ampleur du clientélisme.
Mais pourquoi voulez-vous parler de cela ? Ecrivez plutôt sur le tourisme ! " Le refrain est connu.
, la " Fleur du Levant ", comme l'avaient surnommé les Vénitiens, maîtres de l'île pendant plusieurs siècles, a gagné un nouveau surnom, tout aussi exotique : " l'île des aveugles ". Le 19 mars, Stelios Bozikis, le maire de Zakynthos (Zante, en grec), a convoqué les chaînes de télévision pour confirmer que l'île faisait l'objet d'une enquête des inspecteurs du ministère de la santé. En cause, le nombre anormalement élevé d'aveugles et de malvoyants : 682 personnes recevaient jusqu'à 325 euros d'allocation mensuelle. Soit, selon l'Organisation mondiale de la santé, neuf fois plus que la moyenne observée dans les pays développés.
" J'ai découvert cette anomalie début 2011, quand la responsabilité de délivrer les allocations est passée de la préfecture à la mairie, explique M. Bozikis. J'ai écrit à Athènes, mais l'administration centrale a traîné des pieds. J'ai craint qu'on ne veuille enterrer l'affaire alors je l'ai rendue publique. "
Qui savait ? Où sont les aveugles ? A Zakynthos, les restaurateurs haussent les épaules, les commerçants exhortent le curieux à s'intéresser plutôt aux moeurs des tortues, qui font la réputation de l'île, les vieux qui égrènent leur chapelet sur le port s'indignent que l'on ait envoyé tout ce petit monde - " vrais " et " faux " aveugles - repasser des examens sur le continent... L'île des aveugles semble devenue muette et les principaux intéressés demeurent invisibles. " Les gens d'ici ont mal vécu d'être montrés du doigt par toute la Grèce, explique Spiros Betsis, un journaliste de la télévision locale. On s'est sentis collectivement condamnés. "

. Au fil de l'enquête judiciaire et des témoignages se dessine un système bien rodé en place sans doute depuis 1998. Il fallait au requérant deux tampons pour obtenir le versement d'une allocation : celui du seul ophtalmologue de l'île, qui exerçait à l'hôpital public, et celui du préfet - une fonction administrative mais dont le détenteur est élu. Le premier, selon les témoignages, aurait monnayé sa signature entre 500 et 2 000 euros ; le second l'aurait échangée contre les voix des allocataires et de leur famille. Un condensé des maux de la Grèce, où la corruption le dispute au clientélisme.

Les rapports des organismes grecs et internationaux placent l'hôpital public en tête des institutions les plus corrompues. Selon Transparency International, on y compte pour près de 42 % des pots-de-vin recensés, devant le fisc (16 %). Les sommes versées iraient de 30 euros pour raccourcir la file d'attente à 30 000 euros pour certains actes chirurgicaux. Athènes ne s'est attaquée au problème que récemment, et des cas comme celui de Zante font régulièrement les délices des médias grecs : il y a les amputés de l'île de Céphalonie, les handicapés de Thessalonique, les asthmatiques de la région de Viota... Des médecins ont été épinglés, comme ces gynécologues qui diagnostiquaient asthme et dépression.

. A la pointe sud de l'île, le village de Keri. Ici, dans le fief du préfet, on compte 48 " aveugles " pour 630 habitants. Dont le plus médiatique des fraudeurs : un chauffeur de taxi, à qui un chasseur d'oiseaux dispute la vedette

En contrebas du bourg, sur la plage, le patron du Rock Café veut parler. " Parce que je travaille du matin au soir et que je veux que mes enfants grandissent dans un pays normal ", dit Hristos Vatos. " Ce ne sont pas seulement des pauvres qui ont touché l'allocation, il y avait aussi des cafetiers, des agriculteurs prospères ou cet hôtelier qui recevait une pension pour son cœur pendant que sa femme touchait celle pour cécité. "

" Nous sommes un village, évidemment que tout le monde savait ! ", intervient son voisin, Giorgos Kiourkas, loueur de bateaux. " Ici tromper l'Etat est source de fierté, ça veut dire qu'on est plus malin que lui. " Pas de noms à donner en revanche - une chose de plus qui ne se fait pas sur l'île.

Le maire partage le diagnostic. " On m'a accusé de discréditer l'île, mais la majorité des gens commencent à comprendre que la fraude est une chose grave, l'une de celles qui ont ruiné ce pays. " Ce même mois de mars, M. Bozikis a voulu réformer le système de comptage des mètres carrés dont dispose chaque habitant, et modifier en conséquence les taxes afférentes. Lors de la réunion publique organisée sur le sujet, des habitants l'ont pris à partie en lui jetant des yaourts.

Une majorité attend beaucoup de l’état , râle si les moyens sont insuffisants pou la police , les pompiers ...etc... mais lorsqu'il faut donner des moyens a l’état en fonction de ses revenus..plus personne , curieux se approche de la démocratie et de la vie en communauté..

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Le népotisme est une des composantes majeures de la vie institutionnelle grecque

Il y a plus d'un an, le politologue Elias Nikolakopoulos avait posé un diagnostic lapidaire : " Nous n'avons pas un personnel politique à la hauteur de la crise que traverse le pays. " De fait, la crise qui frappe la Grèce paraît au moins autant politique qu'économique.
Cette faiblesse est apparue au grand jour en novembre 2011, quand le premier ministre Georges Papandréou a annoncé, à la surprise générale, un référendum sur le plan d'aide européen, avant de faire volte-face et de démissionner. Alors que cette démarche plongeait à nouveau le pays dans l'incertitude, et l'Europe dans l'effroi, les dirigeants des deux partis , commençait un jeu de tractations politiques surréalistes, donnant l'impression que la situation du pays comptait moins que la répartition des maroquins. Comme si la ruine du pays et l'inquiétude du monde entier, suspendu aux moindres soubresauts d'Athènes, n'empêchaient pas de continuer de faire de la politique comme avant.

Les oppositions politiques n'excluaient pas les ententes. " Il y avait des collaborations entre les cadres du Pasok et de ceux de Nouvelle Démocratie, notamment au niveau local pour gérer les mairies, les fonds européens et les syndicats, poursuit M. Sefertzis. Quand les différences idéologiques ont disparu, il n'est plus resté que la gestion des intérêts. Les années 2000 ont été celles du cynisme politique qui s'est appuyé sur l'enrichissement des classes moyennes, qui se servaient du pouvoir pour assurer leur ascension sociale. Elles sont aujourd'hui touchées par la crise et le système des deux partis s'effondre. "
La vie des deux partis a été traversée par de nombreux scandales financiers, qui ont d'autant plus choqué qu'ils sont restés impunis, les hommes politiques s'étant construit un solide régime d'immunité. La chute de l'ancien ministre de la défense socialiste Akis Tsohatzopoulos, en détention provisoire depuis deux mois pour blanchiment d'argent, n'en est que plus spectaculaire.

L'absence de renouvellement du personnel politique est manifeste. Aucune figure nouvelle, à l'exception du dirigeant de la gauche radicale, Alexis Tsipras, n'a émergé depuis le début de la crise. Cependant, nuance Georges Sefertzis, " Ceux qui sont issus de ces traditions familiales sont souvent plus capables que les nouveaux riches de la politique. C'est la dévaluation complète, morale et idéologique, de la vie politique qui empêche les gens sérieux de participer à ce renouvellement. Ceux qui s'ysont aventurés ont souvent été marginalisés par la nomenklatura. "

L'ancien ministre des finances Stephanos Manos est un de ces électrons libres de la politique grecque. Il est l'un des rares hommes politiques à ne pas changer d'avis. C'est un libéral, qui veut supprimer près de la moitié des fonctionnaires et faire payer plus d'impôts à l’Église. Il aime dire ses quatre vérités, ce qui ne lui rapporte pas beaucoup de suffrages. Son parti, le Drasi, n'a pu franchir la barre des 3 % le 6 mai.
Lors d'une réunion à Kalamata, dans le Péloponnèse, alors qu'il développait ses idées pragmatiques, un homme l'a interrompu : " C'est très intéressant ce que vous dites, mais vous ne pourriez pas nous dire aussi quelques mensonges ! "

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le dernier

Les électeurs se rendent aux urnes entre angoisse et abattement

Depuis deux mois, les passants s'arrêtent place Syntagma, au centre d'Athènes, devant l'arbre au pied duquel Dimitris Christoulas, un pharmacien à la retraite de 77 ans, s'est donné la mort. Certains déposent des jouets ou des peluches, des messages dans toutes les langues recouvrent le tronc de l'arbre. Ce suicide, le 4 avril, revendiqué comme un acte politique de résistance, a suscité une émotion dans le monde entier. Depuis, elle n'est pas retombée.

Les gestes de désespoir ne cessent de se multiplier. Le 12 juin, un homme de 75 ans est sorti de chez lui de bon matin dans le quartier chic de Kifissia, au nord de la capitale. Il s'est tiré une balle dans la tête en pleine rue. Quelques jours plus tôt, un homme s'est pendu dans un bois près du Pirée. Tous deux ont laissé des messages sur leurs difficultés financières. En mai, à quelques jours d'intervalle, une femme de 36 ans et un homme de 26 ans s'étaient jetés dans le canal de Corinthe.
Le taux de suicide reste bas dans le pays. Selon la police, il y en a eu 598 en 2011. C'est un peu moins qu'en 2010, mais cela reste nettement plus qu'en 2009, avant le déclenchement de la crise. La plupart de ces gestes de désespoir trouvent leur origine dans la crise, et cette hausse marque profondément les esprits dans un pays qui se targuait jusque là d'être le moins touché par le phénomène des pays européens. Nombre de suicides restent cachés dans le giron familial. D'autant plus que certains popes refusent d'enterrer religieusement les suicidés.
Selon le ministère de la santé, un homme grec sur quatre et une femme sur trois sont déprimés, deux fois plus que la moyenne mondiale. " En 2010, un Grec sur six présentait des symptômes psychopathologiques, mais surtout un sur douze présentait des psychopathologies graves (dépression majeure, psychose, schizophrénie). La proportion atteint 22 % chez les catégories au chômage ou qui connaissent de fortes difficultés financières. C'est une véritable bombe sociale, de santé publique ", explique le psychiatre Stélios Stylianidis.

Pourtant, la consommation d'antidépresseurs n'a pas augmenté. Les ventes en pharmacie ont baissé de 22 % en 2011. Des médicaments sont donnés dans les hôpitaux, mais leurs moyens sont en chute libre. D'ailleurs, les hôpitaux eux-mêmes ont des problèmes d'approvisionnement, car les laboratoires attendent que l'Etat rembourse ses dettes pour livrer les médicaments. Les pharmaciens ont annoncé qu'ils feraient payer les médicaments aux patients même assurés, parce que la sécurité sociale ne les avait pas réglés depuis plusieurs mois. Des malades atteints de cancer ne pouvaient obtenir leurs médicaments vitaux. Le gouvernement a débloqué l'argent.
Cet état d'abattement généralisé, conséquence directe de cinq ans de dépression économique et des mesures d'austérité imposées au pays depuis deux ans, est peut-être le mal le plus profond qui touche le pays, miné par l'inefficacité de l'Etat, la corruption et la fraude fiscale, la médiocrité politique et absence de compétitivité. " Chacun de nous éprouve cette souffrance, explique Stélios Stylanidis. Le pays a un besoin crucial de réformes, mais les recettes qu'ont nous a appliquées détruisent la cohésion de la société grecque et démoralisent les gens. "
C'est un électorat déboussolé qui se rend aux urnes. Des électeurs socialistes du Pasok s'apprêtent à voter Nouvelle Démocratie pour empêcher une victoire du Syriza. Des électeurs conservateurs de Nouvelle Démocratie choisissent la gauche radicale, parce qu'Antonis Samaras, le président du parti, a signé le mémorandum avec le Fonds monétaire international et l'Union européenne.

. L'élection du 17 juin se joue entre la peur d'une sortie de l'euro et le sentiment qu'il n'y a plus rien à perdre. Nouvelle Démocratie a joué sur le registre de la peur de l'étranger ou de la sortie de l'euro. Le Syriza met le mot espoir sur son affiche, mais la " route de l'espoir " qu'il promet emprunte des chemins inconnus.

il semble aussi que Syriza comme les autres partis fait du populisme fait entendre aux électeurs ce qu'ils ont envie d'entendre ce qui est parfois bien éloigné de la vérité et des possibilités ..

Entonnant ce moque de réaction a cet ensemble de reportages ?

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